Après un long feuilleton de salaires impayés, d'infractions environnementales et de comptes en souffrance, l'américaine Century Mining veut relancer la mine Lamaque, à Val-d'Or. Mais cette fois, la communauté promet de la tenir à l'oeil.
Century Mining, dont le siège social est à Blaine, dans l'État de Washington, a tenu hier une téléconférence où elle a présenté un nouveau visage aux investisseurs. Century a recueilli 60,75 millions de dollars au cours des derniers mois et a annoncé hier un remaniement de son conseil d'administration.
«C'est ce que j'appelle le nouveau Century», a lancé Margaret Kent, présidente et chef de la direction.
Century Mining a réitéré son intention de rouvrir la mine d'or Lamaque après plus de 15 mois d'inactivité. À terme, cette relance pourrait créer 250 emplois autour de Val-d'Or.
Selon les plans de l'entreprise, l'électricité sera ramenée à la mine d'ici 10 jours. Les embauches ont déjà commencé et 40 employés devraient reprendre du service d'ici la fin du mois. La production devrait reprendre d'ici avril ou mai; Century entend retirer 45 000 onces d'or à Lamaque dès cette année, et jusqu'à 110 000 en 2013.
Un cas à problèmes
En entrevue à La Presse Affaires, Margaret Kent a toutefois admis qu'elle devra rafraîchir l'image de l'entreprise. C'est que Century Mining, souvent dépeinte comme le mouton noir de l'industrie minière, a accumulé les infractions environnementales et les comptes impayés au cours des dernières années.
«La route a été très dure pour nous et nous avons dû prendre des décisions qui n'ont peut-être pas plu à tout le monde. Oui, nous allons devoir regagner la confiance de la communauté. Mais les actions parlent plus fort que les mots», a dit Mme Kent, qui a mis les récents écarts de conduite de son entreprise sur le compte de la «crise financière».
Century Mining avait accumulé pas moins de 32 d'infractions environnementales entre 2007 et 2008 pour des histoires aussi diverses que la gestion de déchets dangereux ou la non-conformité de ses bassins de sédimentation.
L'entreprise a aussi été condamnée l'été dernier à payer 40 000$ d'amende pour avoir projeté des roches sur des terrains privés.
Récemment, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) avait même entrepris des démarches pour suspendre le permis de l'entreprise parce qu'elle n'avait pas versé une somme de 3,4 millions pour restaurer ses sites. L'entreprise devait aussi d'importantes sommes à la ville de Val-d'Or et à ses employés.
Les nouveaux capitaux recueillis ont permis de régler la plupart des problèmes.
Le MRNF a confirmé avoir finalement été payé et a interrompu les démarches pour retirer le permis de Century Mining. Le mois dernier, la ville de Val-d'Or a aussi reçu la somme de 250 000$ que lui devait l'entreprise.
Michel St-Yves, secrétaire des travailleurs de la mine Sigma-Lamaque, affirme que Century Mining a versé avant Noël plus de 1 million de dollars en salaires impayés aux travailleurs mis à pied.
Des sommes relatives aux préavis de licenciement, à la caisse de retraite et aux assurances collectives n'ont toutefois pas encore été versées. «On les a rencontrés hier et on va les rencontrer dans deux semaines. Les discussions vont bien», a dit M. St-Yves à ce sujet.
Au ministère de l'Environnement, on confirme que la plupart des correctifs ont été apportés. L'entreprise devra toutefois rehausser les murs de son parc à résidus si elle veut redémarrer sa mine. «On est bien content pour ceux qui ne travaillent pas. La réouverture va aider les familles», s'est réjoui hier le secrétaire du syndicat, Michel St-Yves.
Bernard Gauthier, maire suppléant de Val-d'Or, accueille aussi favorablement la promesse d'emplois et les «centaines de milliers de dollars» qu'il compte recueillir en taxes annuellement.
«L'historique n'est pas très rose, admet-il cependant. C'est clair que si la mine ouvre ses portes, elle devra remplir ses promesses. On s'attend à ce que le Ministère les suive de très près. Et on va suivre le dossier de très près de notre côté aussi.»
L'action de Century a perdu 5 cents, ou 1,30% hier, à 38 cents, à la Bourse croissance de Toronto.