La vague de froid qui frappe l'est des États-Unis se fait ressentir jusque dans les prix enregistrés à la pompe, particulièrement à Montréal, où le coût de l'essence ordinaire a bondi de près de 10 cents le litre depuis hier soir.

Selon Essence Montréal, un site internet où les consommateurs peuvent rapporter les prix des stations-service de la grande région métropolitaine, le coût de l'essence a fracassé la barre des 1,12$ le litre dans plusieurs points de vente.

Ce prix, qui est l'un des plus élevés en région urbaine au Québec au cours des derniers mois, est en partie explicable en raison de la forte demande pour le carburant de chauffage dans l'Est américain. Les températures glaciales qui paralysent plusieurs pays d'Europe depuis décembre ont également fait passer le prix du baril de 69$ US à près de 82$ US au cours du dernier mois.

«Le marché du raffinage subit depuis quelques jours voire quelques semaines, une pression énorme sur la demande de produits pétroliers, explique Carol Montreuil, porte-parole de l'industrie pétrolière au Québec. En conséquence, les prix de chargement à la rampe à New York ont grimpé. Comme le marché à Montréal en est tributaire, on en ressent les impacts aujourd'hui. Mais c'est conjoncturel, personne n'avait prévu le genre de froid que l'ont observe en Floride et dans tout le nord-est des États-Unis.»

Dame nature étant capricieuse, difficile de prévoir à quel moment les prix du mazout redescendront, dit-il. «Personne ne peut prétendre où tout cela va aller. Les météorologues affirment qu'au mois de janvier, il n'est pas inhabituel de connaître une période de redoux ce qui, selon les spécialistes, viendrait diminuer l'impact que l'on voit depuis quelques jours, mais personne n'a de boule de cristal!»

Une hausse relative

La faiblesse du dollar américain est également à blâmer pour la hausse du coût de l'essence. «Le dollar est en chute libre. Si vous êtes un pays arabe et que vous vous faites payer en dollars US, tout à coup, vous trouvez que 75 à 80 $ US le baril, ce n'est pas très cher», affirme Carol Montreuil.

Selon Jean-Thomas Bernard, professeur d'économie à l'Université Laval et expert sur les questions de l'énergie, la hausse du prix de l'essence est immanquablement liée à l'augmentation de la valeur du brut survenue dans les dernières semaines. Il rappelle toutefois que cette hausse est relative.

«À 82$ US le baril, il est vrai que le prix est élevé par rapport aux dernières semaines et encore plus si on le compare au creux de 35$ US que l'on a connu en janvier 2009. À l'inverse, il est très bas comparé à celui de juillet 2008 où il avait atteint les 143$ US en raison de la forte demande provenant notamment de la Chine et de l'Inde», nuance-t-il en rappelant que la demande mondiale pour le pétrole a beaucoup diminué avec la récession.

Au Québec aujourd'hui, les prix ont beaucoup varié selon les régions. Selon le site Info-Essence, géré par CAA Québec, le prix «réaliste» de l'essence à Montréal était de 108,6 cents le litre alors qu'il était fixé à 102,3 en Outaouais ou 108,2 sur la Côte-Nord.

Si les consommateurs ont du débourser près de 112,9 cents le litre dans plusieurs stations services de Montréal, de Longueuil et de Laval ils ont pu faire de bonnes affaires ailleurs. Selon Essence Montréal, à Frelighsburg, Bedford et Chertsey les conducteurs ont pu bénéficier de prix oscillant entre 93,9 et 96,9 cents le litre.