Les Québécois ont dépensé plus de 10 milliards de dollars en essence en 2009. Mais sans trop s'en rendre compte, ils ont économisé 1,7 milliard cette année en faisant le plein, et contribué à relancer l'économie en panne.

Le prix moyen du litre d'essence a diminué de 18,4% au Québec entre 2008 et 2009, selon les statistiques que vient de compiler la Régie de l'énergie. C'est 21,8 cents par litre de moins, multiplié par une consommation totale d'environ 7,6 milliards de litres dans l'année, ce qui signifie des économies de 1,7 milliard pour les Québécois.

Qu'avons-nous fait avec pas loin de 2 milliards de plus dans nos poches? Trois choses, essentiellement, selon Benoît Durocher, économiste chez Desjardins. D'abord, une partie de cet argent a servi à acheter d'autres biens de consommation. «C'est ce qui explique que les ventes au détail ont bien performé au Québec en 2009«, dit-il.

Ensuite, les Québécois ont pu épargner davantage. Le taux d'épargne, qui était de 2,2% en 2008, était remonté à 3,2% après les trois premiers trimestres de 2009, pointe l'économiste de Desjardins.

Enfin, une partie de l'argent qui avait servi en 2008 à faire rouler les voitures a été utilisée à meilleur escient, c'est-à-dire à rembourser des dettes. La valeur nette des ménages a augmenté entre 2008 et 2009 au Canada, selon Benoît Durocher, même en l'absence de statistiques par province, on peut dire sans se tromper que la même chose s'est produite au Québec.

La valeur nette est la différence entre l'actif d'un ménage, soit ce qu'il possède, et son passif, c'est-à-dire ses dettes. L'augmentation de la valeur nette peut s'expliquer de deux façons, soit par l'augmentation de la valeur des maisons, qui fait augmenter l'actif, et par le remboursement des dettes, qui réduit le passif. Les deux phénomènes ont probablement joué dans l'augmentation de la valeur nette des ménages en 2009, estime l'économiste.

Plus d'achats, plus d'épargne et moins de dettes, les économies réalisées sur les pleins d'essence ont contribué à faire sortir le Québec de la récession en 2009. «On se rappelle que les prix élevés de l'énergie avaient été un des déclencheurs de la récession«, souligne Benoît Durocher.

Le Québec est officiellement sorti de la récession cet été, l'économie étant revenue en territoire positif en juin. L'augmentation de la consommation a aidé l'économie du Québec à sortir de la récession, estime lui aussi l'Institut de la statistique du Québec. Selon l'ISQ, les dépenses de consommation ont augmenté de 3,6% au troisième trimestre, soit pendant les mois de juillet, août et septembre.

Certains ménages québécois ont aussi économisé sur le coût du chauffage au mazout, qui a baissé de 22% en 2009 comparativement à 2008, et ont conservé encore plus d'argent dans leurs poches.

Il y a environ 13% des ménages québécois qui chauffent au mazout, et ils en achètent un peu plus d'un milliard de litres par année. La baisse du prix du mazout entre 2008 et 2009 leur a fait économiser 2,5 millions.