Si jamais les ingénieurs des parcs d'attractions manquent d'inspiration pour concevoir le tracé de leurs prochaines montagnes russes, ils pourront toujours jeter un coup d'oeil aux courbes des prix des métaux.

Ceux qui travaillent dans l'industrie minière, en tout cas, ont vécu des émotions fortes en 2009. À tel point qu'au congrès annuel des explorateurs québécois, en novembre dernier, plusieurs entrepreneurs étaient carrément étonnés d'être encore là, réunis au Château Frontenac comme chaque année malgré la tempête qu'ils venaient d'essuyer.

«Et non, la fin du monde n'a pas eu lieu!» leur a même lancé Martin Lefebvre, économiste senior au Mouvement Desjardins, lors d'une présentation sur les investissements miniers.

C'est que l'année a vraiment mal commencé pour les minières. Des exemples?

À partir de leur sommet jusqu'au pire de la débandade, atteint plus ou moins au printemps selon les différents métaux, le prix du cuivre a décroché de 69%, pendant que le nickel perdait 74%, le zinc 63% et l'aluminium, 62%.

«C'est comme si le plancher avait cédé, ça tombait, se rappelle Éric Lemieux, analyste du secteur minier chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Le sentiment était très négatif, on se demandait quand ça s'arrêterait.»

Plusieurs minières ont réagi en ralentissant leur production - une réaction salutaire qui, selon plusieurs, a contribué à ralentir la chute des prix en resserrant l'offre.

Les entreprises d'exploration, elles, ont vu les investisseurs, devenus allergiques au risque, leur couper les vivres; les foreuses se sont tues. Au début de l'année, l'Association de l'exploration minière du Québec affirmait que 40% de ses membres étaient dans une situation jugée «critique» et prédisait que nombre d'entre eux ne traverseraient pas l'année.

Puis, au printemps, le vent a tourné. Et comme tout ce qui descend finit par remonter, les choses sont reparties vers le haut. Et pas qu'un peu. Reprenons les mêmes exemples. Depuis le creux, le prix du cuivre a gagné près de 150%. Le nickel a progressé de quelque 90%, le zinc, de 125% et l'aluminium, de 80%.

Les fonds ont recommencé à être disponibles pour les explorateurs, qui ont ressorti les foreuses des remises. L'Institut de la statistique du Québec estime aujourd'hui qu'il se sera dépensé entre 250 et 300 millions de dollars en exploration sur le sol québécois en 2009; une baisse par rapport aux 526 millions de 2008, mais une année tout de même très respectable.

«Je suis surpris», a même déclaré le directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec, Jean-Pierre Thomassin, qui ne s'attendait pas à de telles sommes après la débandade du début de l'année.

Comment expliquer cette reprise si vigoureuse des métaux alors que la planète s'extirpait encore de la pire crise depuis les années 30? «Dans les marchés des métaux, on se rappellera de l'année 2009 comme celle où les règles ont pris le chemin de la poubelle», commentent à ce sujet les analystes John Redstone et John Hugues, de Valeurs mobilières Desjardins, dans un rapport publié à la fin novembre.

«À un moment donné, on a réalisé que les Chinois continuaient à acquérir des ressources, explique quant à lui Éric Lemieux, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. La perception a été que même si on était dans une période économique morose, la consommation n'allait pas arrêter et qu'on allait quand même avoir besoin de métaux.»

Selon lui, la reprise du secteur des ressources s'explique aussi par ce qu'il appelle le «retour du tangible». La crise financière a en effet amené une méfiance envers la spéculation et les produits financiers tellement complexes qu'on finit par ne plus trop savoir sur quels actifs réels ils reposent (le papier commercial adossé à des actifs, ça vous rappelle quelque chose?).

Par rapport à ces échafaudages complexes, le bon vieux lingot d'aluminium n'aura jamais paru aussi rassurant.

«Il y a eu un retour aux choses concrètes, résume M. Lemieux. Et les ressources, c'est du concret.»

 

EN CHIFFRES

69%

À partir de leur sommet jusqu'au pire de la débandade, atteint plus ou moins au printemps selon les différents métaux, le prix du cuivre a décroché de 69%, pendant que le nickel perdait 74%, le zinc 63% et l'aluminium, 62%.

250-300 millions

Selon l'Institut de la Statistique du Québec, il s'est dépensé de 250 à 300 millions de dollars en exploration sur le sol québécois en 2009; une baisse par rapport aux 526 millions de 2008, mais une année tout de même très respectable.

1217 $US

Le prix de l'or a atteint un sommet de 1217$US l'once pendant l'année, et a gagné environ 25% depuis janvier.

Nouvelles Mines

Une seule nouvelle mine a vu le jour en 2009 sur le territoire québécois. Il s'agit de la mine d'or Lapa, d'Agnico-Eagle. Pour l'an prochain, l'Association minière du Québec prévoit la mise en production du projet du lac Pelletier, de la Corporation minière Alexis (mine d'or) et du projet du lac Bloom, de Consolidated Thompson (mine de fer).