Après avoir augmenté sans interruption pendant presque 30 ans, la consommation de pétrole connaît des ratés que personne n'avait prévus. La crise financière et économique a réduit l'activité dans les usines, dans le ciel et sur les routes, si bien que le monde a consommé moins de pétrole en 2008 et en 2009.

Cette deuxième baisse consécutive de la consommation de pétrole, inimaginable il y a deux ans, n'est pas le signe que les pays industrialisés ont commencé à réduire leur dépendance à cette forme d'énergie fossile, comme certains pourraient être tentés de le croire. «C'est uniquement le résultat de la récession», explique Carol Montreuil, porte-parole de l'industrie pétrolière au Québec.

Selon lui, il n'y a pas l'ombre du début d'une réduction de la dépendance au pétrole, malgré les intentions annoncées par plusieurs gouvernements dans le monde. «Tout ça, c'est de la politique, on fait ça pour plaire à la population», estime-t-il.

Les pays producteurs de pétrole n'ont donc pas à s'inquiéter, du moins à court terme. À mesure que l'activité économique reprendra de la vigueur, la consommation - et le prix - du brut devraient se remettre à augmenter.

En attendant, la situation actuelle fait des heureux et des malheureux. Les heureux sont du côté des automobilistes, qui ont pu faire le plein à un prix moyen de 97,9 cents le litre en 2009, comparativement à 1,19 dollar en 2008.

Les malheureux sont les raffineurs qui, après plusieurs années de vaches grasses, ont vu leur marge péricliter et toute leur industrie remise en question.

Partout dans le monde, des raffineries ont fermé leurs portes et d'autres ont réduit leur production. Trois raffineries ont cessé définitivement leurs activités et neuf autres ont réduit leur production en Europe, aux États-Unis et au Japon, selon un relevé de Reuters.

Des projets d'investissement ont été abandonnés ou reportés. Au Canada, Irving a mis sur la glace son projet de construction d'une nouvelle raffinerie au Nouveau-Brunswick. Petro-Canada, qui est maintenant connue sous le nom de Suncor, a fait la même chose avec le projet de modernisation de sa raffinerie de Montréal.

Raffinerie à vendre

Shell, le propriétaire de la seule autre raffinerie de Montréal, a annoncé son intention de vendre ou de fermer ces installations et de se départir de son réseau de distribution.

Aucune décision n'a encore été prise, a fait savoir hier la porte-parole de Shell à Montréal, Nicole Belval. Shell envisage toujours de vendre sa raffinerie ou de la transformer en terminal pétrolier, mais la fermeture complète du complexe est de moins en moins probable en raison des coûts qui en résulteraient, a-t-elle expliqué.

Ultramar, qui opère l'autre raffinerie en activité au Québec, a considérablement réduit sa production en réaction à la baisse de la demande. Le complexe de Lévis, qui a la capacité de traiter 265 000 barils de brut par jour, fonctionne actuellement à 200 000 barils par jour, a indiqué hier Louis Forget, porte-parole de l'entreprise.

«Le taux d'utilisation a été encore plus bas que ça pendant l'été, alors que la demande était encore plus faible», a-t-il précisé.

Contrairement aux États-Unis, où la demande pour tous les types de carburants a baissé en bloc, la demande d'essence s'est maintenue au Canada, a expliqué Louis Forget, mais celle de diesel et de mazout lourd utilisés dans l'industrie s'est littéralement effondrée.

Valero, la société mère d'Ultramar, a fermé deux raffineries, une aux États-Unis et l'autre à Aruba, dans les Antilles.

L'entreprise affiche une perte de 219 millions au troisième trimestre et sa direction s'attend à une perte du même ordre pour le quatrième trimestre.

 

Le Pétrole

Fermeture hier 72,47 $US

En baisse de 0,89 $US

Variation -1,21 %