Le siège social est à Montréal. Le siège administratif est à Témiscaming. Pourtant, cet automne, le grand patron de Tembec (T.TBC), James Lopez, a choisi d'installer son bureau à Toronto. Et c'est de là qu'il dirige la forestière qui bénéficie de programmes du gouvernement québécois.

En optant pour la capitale ontarienne, M. Lopez se retrouve dans ce que l'entreprise décrit «un centre de ventes» en compagnie de deux autres dirigeants de l'entreprise. Il s'agit de John Valley, vice-président à la direction, responsable de l'expansion commerciale et des affaires corporatives, et de Chris Black, lui aussi vice-président à la direction, qui préside le groupe des papiers.

«Pour certains voyages, c'est beaucoup plus facile de Toronto», explique M. Valley, justifiant ainsi la décision de son patron.

Tembec, qui traverse la crise forestière en tentant de réduire ses coûts, a vendu au début de l'automne l'avion de l'entreprise. M. Lopez travaillait jusqu'alors à Témiscaming. S'y rendre en vol commercial, en passant par l'aéroport de North Bay situé à trois quarts d'heure du côté ontarien, ajoute une demi-journée par trajet, souligne M. Valley.

À ce compte, un bureau au siège social de Montréal n'aurait-il pas permis aussi une plus grande efficacité en ce qui a trait aux déplacements? «Je crois que les deux cas (Montréal et Toronto) ont des arguments valables», souligne M. Lopez.

Au cours d'une première discussion à ce sujet avec La Presse Affaires la semaine dernière, le vice-président de la société papetière a souligné que la décision de M. Lopez était basée sur des motifs professionnels (déplacements plus faciles) et personnels.

Hier, il n'a pas voulu expliquer davantage ce qu'il entendait par des motifs personnels. «Je n'embarquerai pas là-dedans», a-t-il mentionné.

Selon le maire de Témiscaming, Philippe Barrette, M. Lopez n'habitait déjà plus le Québec quand il a décidé de descendre au sud cet automne. Après avoir résidé du côté québécois, il a opté pour le côté ontarien il y a quelques années.

Le maire Barrette assure que le départ du bureau du grand patron vers Toronto n'a pas entraîné de changements majeurs. «On n'a pas senti de changement dans l'administration», dit-il. «Les vols vers les régions, c'est toujours limité», dit-il lui aussi.

Actuellement, des neuf hauts dirigeants de Tembec, trois ont leur bureau à Témiscaming, trois autres sont à Montréal et les autres travaillent de Toronto. M. Valley explique que, personnellement, un déménagement à Témiscaming ou Montréal «n'était pas vraiment une option» quand Tembec l'a sorti de sa retraite et qu'il s'est joint au groupe il y a trois ans.

Aide gouvernementale

Ces dernières années, Tembec a obtenu l'aide de diverses formes de la part du gouvernement du Québec. En février 2008, Investissement Québec lui a accordé un prêt de 14,4 millions de dollars au taux de 6%, remboursable en cinq ans.

De son côté, la Société générale de financement du Québec, qui détenait des actions de la société, les a transformées en un prêt de 3,5 millions, a expliqué hier la porte-parole de la SGF, Sophie Alarie.

De plus, en septembre, la SGF a racheté de Tembec sa participation de 50% dans Temrex, une coentreprise gaspésienne. La valeur de la transaction a été annoncée à 12 millions de dollars.

Appelée à la commenter, la porte-parole de la SGF a expliqué il y a quelques semaines qu'une des raisons ayant poussé la société d'État à acheter Temrex était pour répondre à un besoin de liquidités de Tembec.

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