Le gouvernement du Québec ne pourra, comme l'an dernier, compter sur Hydro-Québec pour se dégager une marge de manoeuvre budgétaire. Les profits de la société d'État demeurent certes intéressants, mais n'excéderont probablement pas les attentes des observateurs, comme ce fut le cas par le passé.

Hier, Hydro-Québec a annoncé un bénéfice net de 338 millions au troisième trimestre de 2009, terminé le 30 septembre. Il s'agit d'une baisse de 31% sur le trimestre correspondant de 2008 (491 millions). Ce recul s'explique par les soubresauts économiques de 2009, qui se traduisent par une baisse de la demande d'électricité de la clientèle industrielle du Québec et par un recul des ventes d'électricité hors Québec.

Entre juillet et septembre, les grands clients industriels d'Hydro ont réduit leur consommation de 3 térawattheures. Ce ralentissement a privé la société d'État de 105 millions de dollars de profits depuis le début de l'année. «Le secteur des pâtes et papier et celui de la fonte et affinage ont des besoins moins grands», a expliqué hier la vice-présidente, comptabilité et contrôle d'Hydro-Québec, Lise Croteau.

Exportations

Du côté des exportations, Hydro-Québec Production a constaté une baisse des ventes nettes de 343 millions au cours des neuf premiers mois de l'année. Ce recul s'explique notamment par la chute des prix de l'énergie en ce contexte économique difficile.

Au troisième trimestre, le prix d'un kilowattheure d'électricité exporté se négociait à 4,5 cents sur le marché, en fort recul sur les dernières années. Grâce à sa politique de couverture de risque, Hydro-Québec a pu maintenir un prix moyen de 5,7 cents au troisième trimestre. Ce prix est cependant bien en deçà des 6,7 cents qu'avait obtenus Hydro-Québec au deuxième trimestre ou aux 8,9 cents de l'année 2008.

Lise Croteau se fait rassurante. La société d'État avait vu cette baisse des exportations nettes dans sa boule de cristal. L'entreprise s'attend à un meilleur quatrième trimestre à ce chapitre, bien que son prix devrait demeurer à 5,7 cents le kilowattheure.

Pour les neuf premiers mois de l'année, le bénéfice net s'élève à 2,18 milliards de dollars, comparativement à 2,66 milliards au cours de la période correspondante de 2008, une chute de 482 millions ou 18,2%.

«Il s'agit de très bons résultats dans le contexte commercial difficile que l'on connaît», a dit Mme Croteau au cours d'une conférence téléphonique.

Globalement, les revenus d'Hydro ont atteint 9 milliards de dollars au cours des 9 premiers mois, en baisse de 5%. La baisse de la taxe sur le capital des gouvernements fédéral et provincial a permis à Hydro de majorer ses profits de 97 millions depuis le début de l'année, à 2,18 milliards.

Quoi qu'il en soit, Hydro-Québec s'attend à atteindre 2,7 milliards de profits pour l'ensemble de 2009, tel que prévu dans son plan stratégique. Pour ce faire, la société devrait engranger des profits de 520 millions au quatrième trimestre, ce qui correspondrait à une hausse de 8,6% sur les 479 millions du quatrième trimestre de 2008. Il s'agirait d'une première augmentation trimestrielle des profits depuis cinq trimestres.

Il faut dire qu'Hydro-Québec profitera encore davantage de la nouvelle ligne d'interconnexion entre le Québec et l'Ontario, ligne qui lui permettra de vendre ses surplus à la province voisine.

Budget du Québec

Il reste qu'un éventuel regain au quatrième trimestre ne permettrait vraisemblablement pas à la société d'État d'offrir un coussin au gouvernement du Québec pour amoindrir son déficit. L'an dernier, Hydro-Québec avait engrangé des profits annuels de 3,1 milliards. En couplant l'exercice d'Hydro-Québec à celui du gouvernement (avril à mars), les profits s'élevaient à 2,86 milliards en 2008-2009. Il s'agissait alors d'un écart de 363 millions par rapport aux prévisions, ce qui avait enchanté la ministre Monique Jérôme-Forget et sa sacoche à double fond.

Cette année, la tendance n'indique pas qu'Hydro pourrait garnir la sacoche du nouveau ministre des Finances, Raymond Bachand, si tant est qu'il en ait une.