Les grands producteurs d'or comme Barrick Gold et Goldcorp pourraient tenter de mettre la main sur des sociétés plus modestes telles qu'Osisko Mining pour augmenter leur production dans un contexte de baisse de l'offre et de l'augmentation des prix, soutiennent des patrons de l'industrie.

«J'entends suffisamment de rumeurs et de murmures que je serais très étonné s'il ne se produisait rien au cours des prochains mois», lance Pierre Lassonde, ancien président de Newmont Mining Corp., plus important producteur d'or aux États-Unis. «Nous allons voir un tas d'entreprises disparaître», prévoit-il.

L'opinion de M. Lassonde fait écho à celle d'autres dirigeants et d'analystes qui s'attendent à ce que des sociétés aurifères valant 10 milliards US et plus recommencent à faire des acquisitions. Le prix de l'or a bondi de 26% cette année, tandis que le dollar américain a chuté de 7% par rapport à un panier de six grandes devises.

Osisko, une entreprise valant 2,23 milliards CAN qui a obtenu cette année le feu vert pour exploiter un gisement au Québec renfermant au moins 6,3 millions d'onces d'or fait partie des cibles les plus probables, selon Paul Burchell, analyste de l'industrie minière de Dundee Securities, à Toronto. Les autres cibles vraisemblables sont Allied Nevada Gold Corp. et San Gold Corp., estime M. Burchell. Ce dernier a refusé d'y aller de conjectures sur le moment où des offres pourraient être déposées.

Hier, le prix de l'or a atteint un nouveau record à 1123,40$ US l'once, ce qui accentue les pressions sur les producteurs pour qu'ils augmentent leurs réserves grâce à des acquisitions. Il en est ainsi parce qu'ils n'ont pas trouvé de gisements «importants» en près de 15 ans, soulignait cette semaine M. Lassonde, qui est maintenant président de Franco-Nevada Corp.

«Nous sommes toujours parmi les trois entreprises évoquées dans ce débat» et à propos de laquelle sera la prochaine cible d'un rachat, expliquait récemment Sean Roosen, PDG de la société Osisko. «Nous allons ou bien construire la mine ou bien être payés pour une mine. Chez nous, c'est les actionnaires d'abord, les dirigeants ensuite», dit-il.

De son côté, Dale Ginn, PDG de San Gold, a indiqué que son entreprise «n'est pas à vendre», ajoutant qu'elle se tire très bien d'affaire à titre d'entité indépendante.

«Ce n'est que logique que les plus grosses entreprises jettent un oeil sur les acteurs plus modestes, mais de plus grande qualité, qui bâtissent des ressources aussi rapidement que nous le faisons», a ajouté M. Ginn.

La valeur des acquisitions de sociétés aurifères achevées jusqu'à présent cette année est d'environ 8,15 milliards US, comparativement à 19,3 milliards US en 2008 et à 13,5 milliards US en 2007, selon des données de Bloomberg.