Annoncé en grande pompe par le premier ministre Charest il y a plus d'un an, le projet de construction d'une usine de silicium à Bécancour prend du retard.

«On travaille toujours sur le dossier, mais ça va être retardé un peu», explique au bout du fil Guy Leblanc, président-directeur général de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour, là où doit s'établir la norvégienne Renewable Energy Corporation (REC). Cette dernière a annoncé il y a 15 mois vouloir y construire une usine de silicium polycristallin, qui entre dans la fabrication de panneaux solaires.

Cette conviction, M. Leblanc l'a acquise lors de ses derniers contacts avec les représentants de REC, il y a «six ou huit semaines».

Chez Investissement Québec, qui a réussi à attirer REC dans la région, on fait le même constat: «L'étape d'ingénierie préliminaire est reportée à plus tard», indique la porte-parole, Josée Béland. Quand? «C'est à eux de déterminer... Deux mois, six mois, je ne peux pas dire», explique-t-elle.

Le ralentissement économique a fait baisser le prix du silicium produit par REC. De plus, l'industrie s'attend à une surcapacité de production dans les prochaines années.

À l'hôtel de ville de Bécancour, le maire Maurice Richard garde confiance. «Personnellement, je n'ai pas de doute quant à la réalisation éventuelle du projet», dit-il.

Du même souffle, il indique que REC a une option sur deux terrains possibles dans le parc industriel. Il s'attendait à ce que la multinationale norvégienne exerce une de ces deux options en 2009. Or, ce n'est toujours pas le cas. «C'est technique, ça, c'est pas grave», ajoute le maire Richard.

Les appels de La Presse Affaires en Norvège sont demeurés vains hier. Personne ne nous a répondu. Toutefois, dans son dernier rapport annuel, l'entreprise écrit ceci: «Même si REC continue sa planification interne pour préparer ces projets (Bécancour et une deuxième phase à Singapour), dans l'actuel climat économique incertain, l'entreprise limite l'utilisation de ressources externes pour limiter ses coûts et maintenir le cap sur l'exécution des projets déjà en cours.»

Pour attirer REC au Québec, le gouvernement lui a garanti un bloc d'électricité de 95 MW au tarif L, celui de la grande entreprise, en plus d'une subvention de 4 millions de dollars pour la formation des travailleurs. «Aujourd'hui, nous renforçons notre position de leader nord-américain en matière d'énergies renouvelables», se réjouissait alors le premier ministre Charest.