Malgré des surplus encore importants et une demande faiblarde, le prix du pétrole continue d'augmenter et se dirige lentement mais sûrement vers un nouveau sommet annuel. Hier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a donné une autre poussée au brut en révisant à la hausse ses prévisions de la consommation mondiale.

Le baril de brut a fini la journée à 74,15$US, en hausse de 88 cents US. En cours de séance, le prix a frôlé les 75$US, soit le prix le plus élevé de l'année, atteint l'été dernier, avant de se replier légèrement. Le prix du brut oscille depuis des mois entre 65 et 75$US, au gré des nouvelles sur l'état de santé de l'économie mondiale.

 

Dans son rapport mensuel sur le prix du pétrole, l'OPEP constate que la performance économique des pays les plus riches et celle de la Chine s'améliorent et laisse entrevoir une plus grande consommation de pétrole pour le reste de 2009 et pour 2010.

L'OPEP, qui prévoyait un recul de 1,8% de la consommation mondiale de pétrole en 2009, estime maintenant que la baisse sera limitée à 1,65%. En 2010, la consommation devrait augmenter de 0,8%, soit un peu plus que le 0,6% prévu jusqu'ici par l'OPEP.

Avant l'OPEP, l'Agence internationale de l'énergie et le département américain de l'Énergie avaient aussi révisé à la hausse leurs prévisions de la demande de pétrole pour 2009 et 2010, en raison des signes évidents que la récession mondiale touchait à sa fin.

Ce nouvel optimisme et la faiblesse du dollar américain contribuent à soutenir le prix du pétrole, même si la demande demeure faible. «La reprise de la demande reste à voir, mais tant qu'il y a des révisions à la hausse des prévisions de la demande future, il y aura un support pour le prix», a expliqué à Bloomberg le président de Strategic Energy&Economic Research, Michael Lynch.

Les stocks de pétrole sont encore très élevés aux États-Unis, mais certains signes de reprise de la demande commencent à apparaître, souligne Mathieu d'Anjou, économiste chez Desjardins. «On sent que la demande commence à progresser, même aux États-Unis», a-t-il dit.

La demande américaine reste en recul depuis le début de 2009, mais les données hebdomadaires les plus récentes indiquent une hausse de 5% de la consommation par rapport à la même période en 2008.

À l'échelle mondiale, la demande et l'offre seront bientôt à l'équilibre, selon Mathieu d'Anjou, ce qui contribuera à soutenir le prix du pétrole. «Le risque d'une rechute des prix sous les 60$US le baril nous semble donc faible», avance-t-il.

Encore une hausse?

Si la reprise reste solide, le prix du pétrole continuera d'augmenter. Jusqu'où faut-il s'attendre à le voir aller? Pas au-delà de 100$US à la fin de 2010, prévoient les économistes de Desjardins.

Mathieu d'Anjou rappelle que le pétrole a atteint le prix record de 150$US le baril en 2008, alors que l'économie mondiale tournait à fond et qu'on parlait de pénurie. Il n'y a rien de tel actuellement, insiste-t-il. «Les stocks sont encore très élevés et l'OPEP peut augmenter sa production. «Ma théorie, c'est que ces facteurs vont compenser (la tendance à la hausse des prix).»

Il y a aussi le risque que la croissance économique ne soit pas au rendez-vous, ce qui limitera la hausse du prix du pétrole.

Les 12 pays membres de l'OPEP devront soupeser tous ces facteurs de risque avant de décider s'ils augmentent ou non leur production au cours de leur prochaine réunion qui aura lieu le 22 décembre en Angola.

Devant la chute marquée des prix du pétrole, les pays membres de l'OPEP avaient réduit leur production de 4,2 millions de barils par jour en septembre dernier.