Le président-directeur général d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, laisse aux politiciens le soin de décider si les tarifs d'électricité de la société d'Etat doivent être augmentés.

Contrairement à son prédécesseur, André Caillé, qui privilégiait une hausse des tarifs préférentiels dont les Québécois profitent pour des raisons historiques, M. Vandal n'a pas voulu se prononcer sur l'opportunité d'une telle mesure.

Lors d'un point de presse en marge de l'étude du plan stratégique d'Hydro-Québec, mardi à l'Assemblée nationale, M. Vandal a assuré que l'entreprise n'étudiait actuellement aucun scénario de hausse tarifaire et que ses prévisions sont établies à partir des cadres réglementaire et législatif actuels.

M. Vandal a ajouté que la société d'Etat ne participait pas à la réflexion qui pourrait mener le gouvernement à augmenter les tarifs du bloc patrimonial.

«Hydro-Québec n'est pas partie de ce débat-là, a-t-il dit. C'est un débat qui doit se faire, notamment entre les parlementaires et, je crois, au niveau de la population. On soumet ici un plan stratégique qui est fondé sur le cadre législatif et réglementaire en place, qui prévoit un bloc patrimonial à un prix de 2,79 cents.»

Dans son édition de mardi, La Presse a rapporté que le gouvernement et Hydro-Québec s'échangent actuellement des scénarios de hausses des tarifs du bloc patrimonial, qui sont actuellement gelés à 2,79 cents le KwH, soit moins que sur les marchés d'exportation.

La semaine dernière, le premier ministre Jean Charest n'avait pas exclu cette possibilité, qui s'inscrirait dans le plan de rétablissement de l'équilibre budgétaire.

Le plan stratégique d'Hydro-Québec pour 2009-2013, étudié en commission parlementaire jusqu'à mercredi, indique toutefois que le gouvernement devra compter sur des redevances moins importantes du géant de l'hydroélectricité.

Selon le document, déposé en juillet dernier, son bénéfice net diminuera de 2,7 milliards $, en 2009, à 2,4 milliards $ pour chacune des années suivantes jusqu'en 2013.

Durant la même période, le dividende versé au gouvernement, qui cherche un moyen de rétablir l'équilibre des finances publiques, passera de 2,25 milliards $ à 1,65 milliard $.

De 2009 à 2013, le rendement de la société d'Etat diminuera en raison du ralentissement de l'économie au Québec, de la faiblesse du prix du gaz naturel et de la vigueur du dollar canadien.

Malgré des coûts de production qui vont croissant pour tous ses nouveaux projets, tels que le complexe en construction sur la rivière Romaine, l'entreprise veut développer davantage ses exportations, grâce à des interconnexions avec l'Ontario et les Etats-Unis.

Dès le début des travaux de la commission, mardi, M. Vandal s'est retrouvé sur le grill de l'opposition, en raison des dons controversés d'Hydro-Québec à des écoles privées, une situation qui a incité la société d'Etat à revoir ses politiques en matière de philanthropie.

Le porte-parole péquiste en matière d'énergie, Sylvain Gaudreault, a dit au pdg qu'il aurait dû démissionner.

«Cet été, les Québécois ont été indignés par l'aria dans lequel le pdg a plongé la société d'Etat dont les Québécois sont le plus fiers, a-t-il dit. On ne peut pas diriger une société d'Etat comme on dirige une entreprise privée. Hydro-Québec, ce n'est pas l'entreprise d'une personne, ce n'est pas l'entreprise de M. Vandal.»

Evoquant la tendance à la baisse des prix du gaz naturel, qui influent sur les tarifs qu'Hydro-Québec peut obtenir sur les marchés extérieurs, M. Gaudreault a demandé en vain si l'entreprise avait appuyé sa stratégie d'exportation sur des études de marché.

«Je voudrais savoir quelle étude de marché on a, chez Hydro-Québec, pour justifier les exportations, considérant que maintenant Hydro-Québec construit à dessein pour l'exportation et considérant que le coût de production est en hausse, puis le prix du compétiteur est en baisse. Et ça semble être parti pour longtemps», a dit le député péquiste.

M. Vandal a reconnu que les coûts de production sont en hausse, mais il a soutenu qu'il ne fallait pas douter de la rentabilité des exportations, qu'il juge avoir démontrée devant le Bureau d'audiences publiques en environnement pour le projet de la Romaine.

«Quand on regarde les perspectives et des projets comme Romaine, on a déposé un rapport d'impact, on a répondu à toutes les questions qui étaient soumises par le BAPE sur la question de la rentabilité de l'exportation, et on est absolument convaincus que cette rentabilité-là, elle est forte», a-t-il dit.