La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, croit que le gouvernement fédéral peut faire preuve de créativité pour aider l'industrie forestière québécoise sans s'attirer les représailles commerciales des Etats-Unis.

Mme Normandeau a déclaré mardi qu'Ottawa doit faire preuve d'audace pour aider ce secteur d'activité très important dans l'économie québécoise, qui semble aller de crise en crise depuis quelques années.

La semaine dernière, à la suite de l'annonce de la fermeture de plusieurs usines de papier d'AbitibiBowater, Québec a réclamé du fédéral un soutien financier équivalent aux 7 milliards $ accordés à l'industrie de l'automobile, en Ontario.

Cette demande a été accueillie avec réserve par Denis Lebel, le ministre fédéral responsable de l'Agence de développement économique pour le Québec.

M. Lebel avait notamment insisté sur les risques de représailles économiques que les Etats-Unis pourraient décréter en s'appuyant sur l'accord sur le bois d'oeuvre.

Lors d'une conférence de presse, Mme Normandeau ne s'est pas montrée découragée par la réserve d'Ottawa, soutenant que les intérêts de M. Lebel convergeaient avec ceux du Québec, notamment parce que le ministre fédéral représente une circonscription où l'industrie forestière est présente.

«Je pense qu'on peut faire preuve de créativité pour contourner les contraintes auxquelles on est assujettis avec l'Accord sur le bois d'oeuvre, a-t-elle dit. Je demeure confiante que M. Lebel saura répondre aux appels que nous lui avons lancés.»

Affirmant qu'elle n'a «pas l'intention de lâcher le morceau», Mme Normandeau a souligné que les autorités américaines soutenaient l'industrie forestière, aux Etats-Unis, notamment la fabrication de pâtes et papier.

«On réitère l'appel que nous avons lancé auprès d'Ottawa pour qu'on puisse, ensemble, trouver des façons audacieuses de soutenir l'industrie des pâtes et papier et l'industrie forestière en général», a-t-elle dit, à la suite de l'annonce d'un investissement de 11 millions $ afin de promouvoir l'utilisation et le développement de produits du bois.

Mme Normandeau a indiqué qu'une rencontre est prévue jeudi avec M. Lebel.

AbitibiBowater a créé une onde de choc en annonçant, la semaine dernière, qu'elle suspendrait prochainement la production dans cinq de ses usines de papier, dont deux au Québec, entre Sainte-Anne-de-Beaupré et La Malbaie.

En marge de la conférence de presse de Mme Normandeau, Claude Maltais, conseiller régional de la Fédération des travailleurs du Québec, qui représente des employés d'AbitibiBowater, a fustigé les ministres conservateurs.

M. Maltais a déploré que M. Lebel ne se soit pas manifesté à la suite de l'annonce de la fermeture des usines.

«Ce que je trouve dommage avec M. Lebel, c'est qu'il dit non à tout, a-t-il dit. Il n'écoute pas les travailleurs et il ne vient pas nous voir. On n'a pas eu de téléphone de M. Lebel, pourtant il représente ce secteur là.»

Le représentant syndical n'a pas eu de nouvelles de la ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, qui représente la région de Québec au conseil des ministres, à Ottawa.

«On n'a jamais eu de communications même depuis la fermeture de l'usine de Beaupré, a-t-il dit. Elle se dit responsable de la Capitale nationale, alors je me demande où on s'en va avec ça.»

Mme Normandeau a affirmé qu'avec ses collègues Clément Gignac, ministre du Développement économique, et Sam Hamad, ministre de l'Emploi et du Travail, elle devait rencontrer des représentants syndicaux de l'usine de Beaupré, mardi en fin de journée.

La ministre a indiqué qu'il sera question de la possibilité de poursuivre des activités de recherche et développement sur place.

«Il faut voir avec les employés comment on peut conserver un positionnement de vitrine technologique pour une usine comme celle-ci», a-t-il dit, après avoir répété à plusieurs reprises qu'il fallait faire preuve de «réalisme».