L'or s'approche de jour en jour de son record historique du printemps 2008, profitant aussi bien, paradoxalement, des signes de reprise que des incertitudes économiques, qui renforcent son attrait de placement refuge.

Hier, le cours de l'once d'or s'est hissé jusqu'à 1022,72$ US, à courte portée de son record historique du 17 mars 2008 de 1032,70$US. Il a clôturé à 1020$US l'once à New York, en hausse de 13,70$ US par rapport à la veille.

Depuis plusieurs séances, l'or aligne les performances, alors qu'un climat d'optimisme grandissant sur la reprise mondiale entraîne un affaiblissement du dollar.

«L'or a touché de nouveaux plus hauts ce matin (hier), après avoir clôturé mardi dans une ambiance optimiste, dans la foulée des commentaires du président de la Fed, Ben Bernanke, suggérant que la récession pourrait être terminée aux États-Unis», a ainsi constaté James Moore, analyste chez Bullion Desk.

Mardi, un an jour pour jour après la faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers, M. Bernanke a estimé que la récession était «très probablement terminée» aux États-Unis.

Dans l'euphorie, les investisseurs se sont rués sur l'euro, précipitant la devise américaine à son niveau le plus faible en neuf mois (1,4714$ US pour un euro hier).

Or, de façon quasi mécanique, le métal jaune s'apprécie lorsque le dollar faiblit, les investisseurs profitant d'un pouvoir d'achat renforcé.

En outre, l'hypothèse de la reprise devrait favoriser à terme une résurgence de l'inflation, un scénario de bon augure pour l'or, placement défensif traditionnel contre la hausse des prix.

«Dans l'ensemble, nous sommes toujours dans des dispositions favorables pour les prix à moyen terme», parce que les politiques d'assouplissement monétaire, notamment aux États-Unis, finissent par nourrir l'inflation, a ainsi déclaré lundi Philip Klapwijk, directeur général du cabinet GFMS.

Mais l'optimisme n'est pas la seule explication à l'emballement récent des cours. Le métal, dont les cours fluctuaient autour de 950$ US depuis des mois, a amorcé son ascension au début de septembre, en pleine période de doutes.

«Un regain d'inquiétude sur le rythme et l'ampleur de la reprise économique mondiale a entraîné une rechute des marchés d'actions et une envolée des obligations, cette poussée de frilosité bénéficiant à l'or, refuge traditionnel durant les périodes de tensions financières», a ainsi observé Robin Bhar, analyste chez Calyon.

M. Bhar cite également la décision par le géant aurifère canadien Barrick Gold d'abandonner ses contrats de couverture sur sa production d'or, une décision motivée par la volonté, de la part du groupe, de «profiter pleinement du prix de l'or».

Dans ce contexte incertain, les experts se gardent de pronostiquer de nouveaux records et soulignent au contraire les risques de rechute des cours.

Le cabinet GFMS évoque la possibilité, très négative pour l'or, d'un scénario de déflation mondiale, au cas où toutes les mesures de relance des grands pays industrialisés échoueraient à relancer la machine économique.

Un scénario auquel adhère Albert Edwards, analyste à la Société générale et pessimiste convaincu, pour qui on assiste donc seulement à un «rebond technique» de l'or.