Les travailleurs de la papeterie d'AbitibiBowater de Dolbeau-Mistassini ont réuni un peu plus de 5000 personnes, lundi, lors d'une manifestation signifiant leur opposition à une fermeture définitive de l'entreprise.

Les organisateurs voulaient ainsi démontrer que leur mouvement englobait non seulement des travailleurs, mais également une part importante de la population.

«Des maires de la MRC, le président de la Fédération québécoise des municipalités, des cadres de l'usine, le monde était là, a soutenu le maire de Dolbeau-Mistassini, Georges Simard. Nous avons assisté à une vraie solidarité régionale.»

Cette manifestation est devenue une véritable opération de ralliement, a indiqué le maire.

«Les témoignages ont été nombreux, des jeunes ont aussi pris le micro pour dire qu'ils craignaient de ne pas avoir d'emplois dans leur région», a ajouté Réjean Paradis, représentant du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier.

Les difficultés qui planent sur le secteur, durement éprouvé par la baisse de la demande de papier journal, imposeront de nouveaux sacrifices, mais le maire n'a pas voulu trop s'aventurer sur ce terrain.

«Je ne veux pas dire: fermez-en une autre et laisser la nôtre ouverte. Je m'appuie sur une seule chose, nous avons le plus grand territoire forestier du Québec qui arrive directement chez nous, a insisté le maire. On est prêt à partager, mais on veut sauver ce qu'on a. Au fond, il faut le voir comme un message d'un coin de pays qui veut survivre.»

AbitibiBowater s'est placée en avril dernier sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies du Canada. Elle a entrepris une analyse de ses activités, tant dans le sciage que dans les pâtes et papiers. L'entreprise souhaite se doter d'un plan de restructuration pour répondre à une baisse de la demande de pâtes et papiers.

Le vice-président responsable du secteur de la forêt et du papier, Renaud Gagné, ne nie pas les conditions financières pénibles dans lesquelles se trouve Abitibi-Bowater.

«On va mettre tous les efforts localement pour trouver une solution avec le gouvenement du Québec, mais avec la baisse de la demande, il est clair que de mauvaises nouvelles nous pendent au bout du nez.»

Les syndiqués en sauront davantage sur les réorganisations dans quelques semaines, lorsque leur sera présenté les mesures envisagées pour éviter la faillite.

«On va débuter les négociations le 26 octobre, pour savoir quel en sera le coût en main-d'oeuvre à la fin du processus et comment on va régler la dette de près de 1,5 million pour nos retraités», a conclu M. Gagné.

Le  syndicat dit avoir reçu de l'entreprise la promesse d'un réinvestissement de 100 millions dans l'usine, mais il ne dispose à cet effet d'aucune garantie écrite.

Une fermeture complète aurait des impacts sur la scierie située à proximité, les activités forestières qui en découlent et une perte directe de près de 250 employés de l'usine de Dolbeau-Mistassini.