Les représentants de l'Opep, qui vont se réunir dans quelques heures mercredi à Vienne, ont assuré qu'ils maintiendraient leur production à l'identique, reflétant un optimisme prudent sur l'évolution des prix du baril comme sur la conjoncture internationale.

Le message envoyé par les ministres présents à Vienne est sans équivoque: alors que les prix du baril se sont redressés plus rapidement que prévu et que la reprise économique se dessine, modifier les paramètres du marché pétrolier serait risqué.

Réduire la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) serait «aventureux», a expliqué mercredi à Vienne le ministre équatorien des Mines et du Pétrole, Germanico Pinto.

Le comité restreint de l'Opep chargé d'étudier le marché a formellement recommandé mardi soir un statu quo de la production, à 24,84 millions de barils par jour (mbj). Toute autre décision serait donc un coup de théâtre.

«Nous sommes à l'aise avec le marché», a affirmé Mohammad al-Hameli, le ministre émirati de l'Énergie, arrivé mercredi. Depuis plus d'un mois, le prix du baril s'échange autour de 70 dollars, proche du niveau de 75 dollars voulu par l'Opep.

Le ton avait été donné la veille par le chef de file du cartel, le ministre saoudien Ali Al-Nouaïmi, qui avait jugé le marché «en très bonne forme».

Les analystes considèrent eux aussi que le statu quo promis est l'option la plus sage.

«Sachant que les prix du pétrole évoluent dans une fourchette stable depuis plusieurs mois et que l'environnement macroéconomique évolue positivement, l'Opep juge que tout changement significatif de sa politique actuelle serait inutile à ce stade», estime Amrita Sen, analyste chez Barclays Capital.

Si les prix du baril donnent satisfaction aux producteurs, un sujet d'inquiétude subsiste: le niveau des stocks pétroliers reste élevé, symptôme d'engorgement du marché et de demande toujours anémique.

Mais les ministres ont fait savoir qu'ils comptaient sur un meilleur respect des décisions prises fin 2008 pour éponger ce surplus, la reprise devant faire le reste.

Pour stopper l'effondrement des prix, tombés jusqu'à 32,40$ le baril, et faire face à une demande en chute libre, l'Opep a pris les mesures les plus radicales depuis sa création en 1960: l'organisation s'est engagée à retirer 4,2 mbj du marché, plafonnant sa production à 24,84 mbj depuis le 1er janvier.

Les pays membres de l'Opep ont fait preuve d'une rigueur sans précédent dans le suivi de ces décisions, mais restent encore loin de l'objectif assigné. Alors que les pays arabes du Golfe ont joué le jeu, d'autres États, notamment l'Iran et l'Angola, pompent plus de brut qu'ils ne le devraient.

Au total, la production des 11 pays soumis aux quotas, excluant l'Irak, dépasse de 1,28 mbj le plafond autorisé, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

«Nous avons besoin d'un meilleur respect» des mesures prises, a souligné mardi soir le ministre koweïtien du Pétrole cheikh Ahmad Abdallah al-Sabah, qui s'exprimait au nom du comité de surveillance du marché de l'Opep. Il a précisé que les baisses de production étaient respectées à 68% par les États membres mais qu'un taux de «75% serait bien».

Un meilleur respect des quotas devrait stopper la progression des stocks, a estimé Chakib Khelil, le ministre algérien de l'Energie, qui prédit également une remontée des prix à partir du début 2010.

Le cabinet JBC Energy, qui prévoit une baisse des stocks mondiaux de pétrole de 1,17 mbj au quatrième trimestre, juge que cela devrait suffire à «réduire l'excédent de production du marché».

Aucune mesure n'est toutefois prévue par l'organisation pour sanctionner les pays qui s'affranchissent de leurs obligations.