La papetière insolvable AbitibiBowater est sur le point de recevoir une injection d'argent plus que nécessaire, après avoir finalisé un accord qui prévoit la vente de sa centrale hydroélectrique Manicouagan pour 615 millions de dollars à une nouvelle coentreprise appartenant à Hydro-Québec et au géant de l'aluminium Alcoa.

L'entente, assujettie à l'approbation de la cour et des autorités réglementaires, faisait l'objet de négociations depuis le mois de mars. En vertu de l'entente, la participation de 60 pour cent d'AbitibiBowater dans la centrale de 335 mégawatts serait vendue à Hydro-Québec. Alcoa conserverait sa participation de 40 pour cent dans l'installation hydroélectrique.

Le produit de la vente sera utilisé en partie pour rembourser un financement du débiteur-exploitant de 100 millions US garanti par le gouvernement du Québec, qui arrivera à échéance en novembre. Les fonds ont été fournis par la Banque de Montréal.

La vente de la centrale électrique devrait être conclue d'ici le 15 octobre.

«Notre désir, en tant que société, était de faire en sorte que cette transaction apporte un niveau suffisant de liquidités à l'entreprise, à un moment où le processus de restructuration se poursuit», a expliqué le porte-parole d'AbitibiBowater, Pierre Choquette, vendredi, au cours d'un entretien.

Initialement planifiée sous la forme d'une vente d'actions dans le cadre d'un partenariat déjà existant, l'entente a évolué au point d'en arriver à la création d'une nouvelle coentreprise.

Abitibi-Consolidated consacrera environ 282 millions du produit de la vente à une corporation spécialement créée pour respecter ses obligations envers Alcoa au sujet de potentielles conséquences fiscales et autres responsabilités.

Une partie du produit de la vente fournira également un nouveau financement du débiteur-exploitant à des conditions similaires à celles de sa facilité de crédit actuelle.

La filiale canadienne utiliserait environ 57 millions du produit de la vente pour régler certains impôts engagés par Alcoa ainsi que pour terminer de payer certains achats d'électricité.

Environ 31 millions du produit sera conservé pendant deux ans pour garantir des indemnisations à Hydro-Québec.

La société forestière conclura aussi une entente à long terme avec la division de distribution d'Hydro-Québec pour assurer la fourniture d'électricité à son usine de Baie-Comeau.

Pierre Choquette a précisé que l'entente ne concernait pas les autres actifs hydroélectriques d'Abitibi en Ontario et au Québec, comme la centrale au Saguenay, qui dispose d'une capacité de 162,5 mégawatts.

Un porte-parole d'Hydro-Québec, Marc-Brian Chamberland, a accueilli favorablement l'entente et a ajouté avoir bon espoir de voir la transaction être conclue très bientôt.

De son côté, Alcoa, qui ne s'est pas prévalue de son droit d'acquérir la participation d'AbitibiBowater, a indiqué que sa seule condition pour la nouvelle coentreprise était qu'elle n'ait pas à engager des dépenses ou à subir d'impacts négatifs.

AbitibiBowater, aux prises avec une dette de 6 milliards US, détient ou exploite 24 installations de pâtes et papier et 24 scieries, cinq usines de produits du bois et 32 installations de recyclage aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Corée du Sud.

Elle emploie 15 800 personnes à travers le monde, dont plus de 11 000 au Canada.

La compagnie jouit actuellement d'une protection contre ses créanciers en vertu des lois canadiennes et américaines sur les faillites.