Le prix du gaz naturel a plongé à son plus bas niveau en sept ans, jeudi, prolongeant ainsi les déboires qui touchent le secteur de l'énergie au Canada.

Toutefois, il est encore trop tôt pour prédire si les prix se maintiendront à un tel niveau suffisamment longtemps pour provoquer une baisse des coûts de chauffage des consommateurs cet hiver.

Le prix a chuté de 17 cents pour s'établir à 2,95$ pour 1000 pieds cube de gaz naturel sur le New York Mercantile Exchange, une baisse de 5,5%.

Il s'agit de son plus bas niveau depuis août 2002.

Depuis plusieurs mois, le gaz naturel s'est transigé à un niveau nettement inférieur au coût économiquement viable de production, qui se situe normalement entre 6$ et 8$ pour 1000 pieds cube, selon la région et le type de réservoir.

De nombreux producteurs de gaz naturel de l'Ouest canadien ont mis un terme à leurs activités en raison de la faiblesse des prix, ce qui engendre un manque à gagner pour les firmes offrant le forage et autres services.

«Où ils peuvent contrôler la situation, ils font tout ce qu'ils peuvent pour se départir d'actifs inutiles et réduire les coûts indirects», a expliqué Roger Soucy, président de Petroleum Services of Canada.

«Une importante part de ces dépenses touchent la main-d'oeuvre, et les entreprises ont réduit les salaires et instauré un système de partage d'emploi où c'est approprié. Ultimement, elles pourraient devoir effectuer des licenciements si elles sont incapables de faire travailler les gens.»

Selon des données publiées dans le site internet du Canadian Association of Oilwell Drilling Contractors (CAODC), on comptait environ 63% moins d'appareils de forage en opération cette semaine par rapport à la même semaine en 2008.

Le plongeon est survenu quand le département américain de l'Énergie a révélé que les inventaires de gaz naturel du pays continuent à augmenter, s'accroissant la semaine dernière de 52 milliards de pieds cube, soit 19,1% de plus que la moyenne des cinq dernières années.

Les États-Unis croulent sous les surplus depuis que les grands clients industriels ont sévèrement réduit leur consommation d'énergie, en raison de la récession économique.

Plusieurs producteurs canadiens de gaz naturel ont couvert leurs ventes en signant des contrats qui leur garantissent des prix plus élevés dans le futur que le cours du disponible. Mais la faiblesse des cours actuels décourage les entreprises de percer de nouveaux puits, ce qui est de mauvais augure pour l'industrie.

Les consommateurs pourraient toutefois profiter d'une facture de chauffage moins élevée cet hiver, dépendant du froid qu'il fera et du prix payé par des distributeurs comme Enbridge et Gaz Metro.

À Toronto jeudi, les actions de EnCana Corp., un important producteur de pétrole et de gaz naturel, ont perdu 53 cents et s'établissaient à 56,31$.