Les Chinois cherchent à s'approprier une part de plus en plus importante des ressources naturelles de la planète, et cette fois c'est la petite montréalaise Canadian Royalties qui est la cible de leurs ambitions. La société d'exploration a «pris note» hier de l'offre hostile officialisée le même jour par un partenariat regroupant le géant chinois Jilin Jien et Goldbrook, une petite minière de Vancouver.

«L'offre nous a pris de court», a admis hier Glenn Mullan, président du conseil d'administration de Canadian Royalties, qui affirme qu'il s'agit de la première tentative de prise de contrôle hostile dirigée vers son entreprise. Canadian Royalties a beaucoup fait parler d'elle avec son ambitieux projet de mine de nickel au Nunavik, dans l'extrême nord du Québec. L'entreprise est aussi devenue le symbole de la crise qui a frappé l'industrie minière quand elle a interrompu la construction de sa mine l'été dernier à cause de la dégringolade des prix des métaux et du tarissement des sources de financement.

 

Annoncée vendredi par voie de communiqué, l'offre a été réitérée hier par Jien Canada Mining. Cette coentreprise est formée à 75% par Jilin Jien, une société chinoise et l'un des plus gros producteurs mondiaux de nickel et de cuivre, et à 25% par Goldbrook, une petite compagnie d'exploration de Vancouver qui creuse le sol dans le Nunavik, à deux pas du projet de Canadian Royalties.

L'offre annoncée par les deux partenaires s'élève à 148,5 millions. Jien Canada Mining offre 60 cents par action de Canadian Royalties, une prime de 28,2% par rapport au cours moyen des 20 derniers jours.

Le marché avait de toute évidence vu venir la nouvelle. L'action de Canadian Royalties est passée de 44 cents à 58 cents entre mercredi et vendredi. Elle a oscillé hier pour finalement clôturer à son point de départ de 58 cents.

Canadian Royalties a formé un comité pour étudier l'offre. «Je crois que la grande question est, encore une fois, de voir des ressources canadiennes et québécoises tomber aux mains d'entreprises étrangères», a commenté hier le président, Glenn Mullan, qui n'est pas chaud à l'idée de voir son entreprise changer de propriétaire.

«On veut terminer ce qu'on a commencé», a-t-il laissé tomber.

Le prix du nickel, qui avait fortement dégringolé dans la foulée de la crise financière, est reparti vers le haut au cours des derniers mois. Il a plus que doublé depuis le début avril pour revenir à ce qu'il était il y a un an.

Il a été impossible hier de joindre les dirigeants de Jien Canada Mining.