La remontée des prix des métaux favorise-t-elle le financement des entreprises minières, dont dépendent des milliers d'emplois au Québec?

Ça dépend encore des secteurs à ce moment-ci de la reprise, indiquent des spécialistes consultés par La Presse Affaires.

Pour les projets miniers d'une certaine envergure, «on a retrouvé un contexte favorable pour le financement, après le ressac de l'an dernier provoqué par la vive correction des prix des métaux», résume Paul Carmel, directeur général du financement d'entreprises minières chez Valeurs mobilières Desjardins, à Montréal.

 

«Il y a encore de l'hésitation de la part des prêteurs bancaires pour des projets miniers. Mais l'obtention de capital-actions, elle, se porte plutôt bien. Les investisseurs sont intéressés par les bons projets. À la Bourse de Toronto, d'ailleurs, l'important secteur des mines et métaux s'est le mieux remis du krach de 2008.»

Parmi les entreprises minières dites «juniors», essentiellement des PME d'exploration et de promotion de nouveaux gisements, le constat est plus partagé.

«Dans le secteur aurifère, les entreprises n'ont pas ressenti de crise financière ou de récession. Avec l'or autour de 900$US l'once, les investisseurs et les prêteurs sont intéressés aux projets aurifères», commente Nochane Rousseau, chef du secteur minier au bureau montréalais de la firme comptable PricewaterhouseCoopers.

En contrepartie, les entreprises «juniors» en métaux industriels sont encore aux prises avec les conséquences de la crise du krach des prix de l'automne dernier.

«Malgré les indices de reprise économique, leur recherche de capitaux et de financement demeure difficile», selon M. Rousseau.

«Le pire semble passé, toutefois, poursuit-il. Il y a plus de discussions à propos de projets de financement qui pourraient se concrétiser à l'automne et en fin d'année. Au Québec, la prochaine saison d'émissions d'actions accréditives s'annonce favorable pour les PME des métaux industriels.»

Pour le moment, les récentes statistiques de ce secteur à la Bourse de Toronto demeurent négatives.

À la Bourse de croissance TSX, dédiée aux petites capitalisations, la valeur des émissions d'actions par des PME des mines et métaux durant les six premiers mois de 2009 est inférieure de centaines de millions de dollars à celles des semestres correspondants en 2008 et 2007.

Environ 950 millions de dollars ont été levés de janvier à juin dernier, comparativement à 1,3 milliard en 2008 et à une somme record de 3,4 milliards en 2007.

«Les PME québécoises des métaux de base qui avaient fait des réserves financières il y a deux ans peuvent endurer cette période difficile. Mais pour les autres, plusieurs risquent encore de ne pas passer au travers», a souligné Nochane Rousseau.