Non, Hydro-Québec ne fait résolument pas de cadeau. Les 120 000 abonnés dont la consommation a été sous-estimée depuis janvier 2008 devront passer à la caisse pour rembourser l'énergie impayée. Une décision que dénoncent plusieurs observateurs.

La facture de certains consommateurs grimpera du coup de 20 à 60%. La société d'État a en effet avoué, hier, avoir sous-estimé la consommation réelle de milliers d'abonnés à cause des ratés du système informatique qui a remplacé l'ancien, vieux de 30 ans, en janvier 2008.

Les consommateurs visés recevront, à partir d'aujourd'hui, un avis par la poste les sommant de rembourser l'énergie impayée. Les modes de paiement seront déterminés au cas par cas.

Ces client étaient tous abonnés au mode de versements égaux (MVE). Leur consommation, depuis 2008, a été estimée à partir des données non pas de l'année précédente, comme il se doit, mais à partir de celles de 2006 (les données de 2007 n'étant pas disponibles dans la base informatique). D'où les écarts entre la consommation facturée et la consommation réelle. La société d'État réclame donc un remboursement. «C'est de l'énergie consommée. On ne peut pas se permettre de ne pas la facturer», a expliqué hier Marc-Brian Chamberland, porte-parole d'Hydro-Québec.

Au total, des trois millions de clients résidentiels d'Hydro, 1,3 million sont inscrits au MVE. Hydro-Québec estime que la consommation de 120 000 d'entre eux a été sous-estimée, et ce, pour trois raisons: leur consommation d'énergie a augmenté de manière substantielle en 2007 (achat d'un ordinateur, d'une télé à écran plat, etc.), le nouveau système informatique a mal interprété certaines données et, enfin, l'hiver 2009 a été nettement plus froid que les précédents.

Dès le mois d'avril dernier, au moment de réévaluer la consommation de ses abonnés au MVE, Hydro-Québec a noté plusieurs écarts suspects. De nombreux abonnés ont, à l'époque, téléphoné d'eux-mêmes pour ajuster leur facture.

Mais plusieurs observateurs estiment qu'Hydro-Québec fait payer aux consommateurs ses propres erreurs. C'est le cas du député de Jonquière et porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie, Sylvain Gaudreault, qui a vivement dénoncé hier le geste de la société d'État. «Ce n'est pas aux clients d'assumer les erreurs d'Hydro-Québec. De bonne foi, ces clients ont accepté le service de mode de versements égaux (MVE). Aujourd'hui, ce service se transforme en véritable piège pour des milliers d'abonnés», a-t-il fait valoir, par voie de communiqué.

«Comment se fait-il que les vérifications n'aient pas été faites lors du changement de système?» s'est pour sa part interrogé Olivier Bourgeois, porte-parole d'Option consommateurs. L'organisme promet par ailleurs de veiller à ce qu'on ne facture pas d'intérêts aux consommateurs et conseille à tous de vérifier sur leur facture leur consommation réelle (en kWh, et non en dollars) pour voir si elle est stable d'année en année, et donc déterminer s'ils sont visés par la mesure actuelle.