Les prix du pétrole ont reculé pour la cinquième séance d'affilée mardi à New York, les investisseurs s'inquiétant de voir la demande mondiale rester faible encore longtemps.

Sur New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en août a terminé à 62,93$, en baisse de 1,12$ par rapport à son cours de clôture de lundi.

Les vendeurs sont essentiellement focalisés sur la «baisse des attentes de demande, conséquence de statistiques économiques décevantes», a estimé Mike Fitzpatrick, de MF Global. «Même si l'économie a montré des signes prometteurs (au cours des derniers mois), on ne voit pas apparaître de preuve concrète d'une croissance économique durable», a ajouté l'analyste.

Les cours ont chuté de 8,56$ sur les cinq dernières séances et ont touché mardi en séance 62,35$, leur plus bas niveau depuis fin mai.

Le marché reste sous le choc des chiffres du chômage publiés jeudi aux États-Unis, qui ont montré une dégradation de l'emploi plus forte qu'attendu en juin. Ils ont refroidi les espoirs de reprise, qui avaient permis aux cours d'effectuer une remontée spectaculaire ces derniers mois.

«Les consommateurs (américains) ont toujours besoin de payer leurs factures et il leur sera difficile de dépenser et d'augmenter leur consommation dans les mois à venir», a jugé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

«Avec la fête nationale passée, les stocks d'essence vont rester à des niveaux corrects. On ne va plus avoir que des informations baissières» pour les cours du pétrole, a-t-il pronostiqué.

La fête de l'Indépendance, le 4 juillet, marque en général un pic pour la consommation de carburants, qui augmente l'été en raison des grands déplacements en voiture à travers les États-Unis. Les raffineurs ont constitué d'importants stocks en préparation de la saison estivale, mais la demande reste faible.

Dans son rapport mensuel, l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) a pourtant un peu relevé à la hausse ses prévisions de consommation mondiale de pétrole pour 2009 et 2010, ainsi que son estimation de prix moyen du brut.

Mais ces chiffres ne montrent qu'une «stabilisation à un niveau qui reste faible», selon M. Lipow.

 Le marché va désormais se tourner vers les statistiques hebdomadaires que publiera le département américain de l'Énergie mercredi. Elles indiqueront quelle a été l'évolution des réserves pétrolières et de la demande dans le pays, lors de la semaine précédant la fête nationale américaine.

«Il est trop tôt pour déclarer un renversement de la tendance amorcée depuis le début de l'année, mais la progression du marché était devenue excessive», a jugé Mike Fitzpatrick.

Les cours, qui avaient plongé de 147$ en juillet 2008 à 32$ en décembre, ont doublé depuis le début de l'année.

«Aussi longtemps que le chômage continuera de monter, la croissance de la demande d'énergie devrait rester très limitée», a avancé l'analyste de MF Global.

Autre facteur qui pourrait peser sur les cours dans l'avenir, l'autorité américaine de régulation des marchés de matières premières (CFTC) envisage d'imposer des «limites de positions», en plafonnant le nombre de contrats d'option sur un même produit qu'un opérateur pourrait vendre ou acheter.

«Cela pourrait faire sortir des liquidités du marché», a commenté Andy Lipow.