Les cours du pétrole ont terminé avec une nouvelle baisse hier à New York, au moment même où le prix à la pompe explosait de 13 cents le litre dans la région montréalaise, soulevant la colère des automobilistes.

Le baril de light sweet crude pour livraison en août a clôturé à 69,31$US au New York Mercantile Exchange, en recul de 58 cents US par rapport à la veille.

 

L'or noir avait amorcé la journée en hausse. Mais il a changé de cap après la publication des statistiques hebdomadaires du département américain de l'Énergie sur les réserves pétrolières du pays.

Ces données auraient pourtant dû susciter un certain enthousiasme.

Elles indiquent que les stocks de brut, qui avaient atteint des sommets de 19 ans au printemps, ont baissé pour la quatrième semaine consécutive. Ils ont même reculé plus vite que les attentes des analystes au cours de la dernière semaine (-3,7 millions de barils).

«Mais malheureusement, les bonnes nouvelles s'arrêtent là», a fait valoir l'analyste Nic Brown, de la firme Natixis.

Les réserves d'essence et de produits distillés ont progressé plus qu'anticipé aux États-Unis, grimpant respectivement de 2,3 et 2,9 millions de litres.

«La demande pour les produits raffinés est tout simplement catastrophique», ont commenté les analystes de Morgan Stanley.

Automobilistes en furie

Même si le prix de l'essence à la pompe ne suit pas à la trace celui du baril de brut, les automobilistes montréalais ont vu le coût du litre passer subitement de 98 cents à 1,11$, hier.

Ce bond est apparu suspect à plusieurs, d'autant plus qu'il est survenu le jour de la fête du Canada, où plusieurs travailleurs en congé prennent la route. Le 1er juillet est aussi marqué par des milliers de déménagements dans la région, réalisés pour la plupart avec des camions énergivores.

Selon CAA-Québec, le prix «réaliste» aurait dû être de 1,04$ hier à Montréal. Un tel prix tient compte de la marge de profit et des coûts d'exploitation des détaillants, selon l'organisme de défense des automobilistes.

Le CAA s'insurge depuis plusieurs mois déjà contre les hausses «injustifiées» à la veille des week-ends ou des congés.

Selon une étude du groupe publiée il y a deux semaines, les stations-services montréalaises ont haussé leurs prix à sept reprises la veille des fins de semaine, entre le 30 mars au 12 juin. Or, cinq de ces hausses n'étaient justifiées par aucun facteur économique réel, soutient le CAA.

L'industrie pétrolière se défend d'abuser des automobilistes. Carol Montreuil, vice-président de l'Institut canadien des produits pétroliers, a récemment qualifié la théorie des week-ends de «légende urbaine» en entrevue à La Presse Affaires.

Reste que les consommateurs ont le réel sentiment de se faire rouler dans la farine. L'annonce de la hausse subite du prix de l'essence, publiée hier sur Cyberpresse, a suscité en quelques heures plus de 50 commentaires de lecteurs. Plusieurs exprimaient une vive frustration à l'égard des pétrolières.