Les compagnies pétrolières internationales ont infligé mardi un camouflet à l'Irak en refusant les conditions proposées par le ministère du Pétrole pour l'exploitation de cinq des six champs pétrolifères et de deux champs gaziers offerts à la compétition pour la première depuis 37 ans.

Seules la compagnie britannique BP Exploration Operating Company et la société chinoise CNPC ont gagné le droit de mettre en valeur Roumaila (sud), le plus grand des champs pétrolifères proposés.

Ses réserves sont estimées à 17,7 milliards de baril et sa production actuelle est de 1,02 million baril par jour (mbj).

«Les compagnies ont accepté d'être payées 2 USD par baril et elles se sont engagées à produire 2,85 mbj» d'ici à six ans, a déclaré le ministre du Pétrole Hussein Chahristani lors de la séance d'attributions à Bagdad.

«Je suis très satisfait car avec l'exploitation de Roumaila nous dépasserons les 4 mbj», a-t-il dit, niant que la réunion ait été un échec.

En revanche, pour les autres champs, les 31 compagnies en lice, dont des majors internationales, ont refusé les rémunérations trop basses du gouvernement irakien.

Face à ces résultats désastreux, car l'Irak comptait sur ces contrats pour relancer son économie, M. Chahristani a donné jusqu'à mardi 18H00 (15H00 GMT) aux compagnies arrivées en tête pour reformuler leurs offres pour les cinq champs pétrolifères et un champ de gaz non attribués.

«Leurs offres seront examinées prochainement par le Conseil des ministres qui tranchera», a-t-il dit.

Interrogé par l'AFP, un des responsables d'une compagnie pétrolière a déclaré en fin d'après-midi qu'il lui semblait «impossible» qu'elles répondent dans le délai accordé.

Comme il s'agit de contrats de service et non de partage des profits, le montant des rémunérations est fondamental pour les compagnies en lice.

Le consortium chinois composé de CNOOC et Sinopec International a refusé d'exploiter Missane dont la production est de 100.000 bj et dont les réserves sont estimées à 2,6 milliards de barils. Il voulait être rémunéré 25,4 USD le baril alors que le gouvernement proposait 2,3 USD.

Pour Bai Hassan (nord) dont la production est de 147.000 bj et les réserves estimées à 2,4 milliards de barils, la compagnie américaine ConoccoPhillips, associée à CNOOC et Sinopec, voulait 26,70 USD contre 4 USD proposés par l'Irak.

A Zoubair (sud), dont la production est de 227.000 bj et les réserves estimées à 4 milliards de barils, le mieux placé, composé de l'Italien Eni, de Sinopec, de l'américain Occidental Petroleum Corporation et du sud-coréen Kogas, a demandé à être payé 4,80 USD contre les 2 USD du ministère.

Le même scénario s'est présenté à Qourna-ouest (sud) dont la production est de 279.000 bj et les réserves estimées à 8,5 milliards de barils. Face à quatre autres concurrents, dont le Français Total, l'Américain ExxonMobil associé à l'Anglo-néerlandaise Shell avait fait la meilleure offre (4 USD) mais le gouvernement ne voulait debourser que 1,90 USD.

A Kirkouk, dont la production est de 403.000 bj et les réserves estimées à 7,9 milliards de barils, seul un consortium mené par Shell était un lice. Il voulait être rémunéré 7,89 USD le baril contre les 2 USD du gouvernement.

S'agissant du champ gazier de Mansouriyah (centre), et dont les réserves sont estimées à 116,1 mds de m3, aucun candidat ne s'est manifesté. Quant à celui d'Akkas (ouest) dont les réserves sont estimées à 59,4 mds de m3, le consortium mené par l'Italien Edison voulait 38 USD pour l'équivalent baril pétrole contre 8,5 USD avancé par le gouvernement.

En ouvrant la séance, le Premier ministre Nouri al-Maliki a affirmé que «l'Irak flottait sur un lac de pétrole».

«Il s'agit du premier investissement (étranger) mais ce ne sera pas le dernier dans le secteur pétrolier. Nous en avons besoin pour commencer la reconstruction dans un pays marqué par les destructions.»