Les prix du pétrole sont remontés à 70$ jeudi à New York, en réaction aux violences au Nigeria, qui affectent la production de brut du pays, ainsi qu'à un affaiblissement de la monnaie américaine.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en août a terminé à 70,23$, en hausse de 1,56$ par rapport à son cours de clôture de mercredi.

«Même si le facteur géopolitique a considérablement moins d'influence que l'année dernière, les rebelles nigérians du Mend ont intensifié leurs activités récemment et soutiennent le marché», a jugé Mike Fitzpatrick, du courtier MF Global.

Le Mouvement d'émancipation du Delta du Niger (Mend), principal groupe armé de l'un des principaux producteurs d'or noir du continent africain, a lancé une attaque contre un important oléoduc de la Royal Dutch Shell.

Deux oléoducs de la compagnie avaient déjà fait l'objet d'attaques en fin de semaine dernière.

Selon plusieurs analystes, la production de brut du pays, appréciée parce que facile à raffiner, se situe désormais sous 1,5 million de barils par jour, contre environ 2,6 mbj il y a trois ans.

«Ce qui est perçu comme inquiétant, c'est moins la quantité concernée en elle-même que l'évolution du rapport de forces sur le terrain: ce renouveau des attaques est vu comme un défi au gouvernement», a estimé Antoine Halff, de Newedge Group.

Mais «les mouvements des cours depuis six mois sont plus liés au sentiment du marché en général et à l'évolution des taux de changes», a-t-il nuancé.

Wall Street, baromètre de l'opinion du marché quant à l'évolution de la conjoncture, évoluait jeudi en fin de séance en forte hausse. La monnaie américaine, elle, reculait, ce qui rend plus attractives les matières premières échangées en dollars pour les acheteurs munis d'autres devises.

«Le marché vit avec les perturbations dans l'offre du Nigeria depuis maintenant trois ans, a fait observer Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. On ne voit toujours pas de solution.»

Selon cet analyste cependant, le marché pourrait être freiné dans les jours à venir par la situation des réserves pétrolières américaines: les statistiques hebdomadaires du département de l'Énergie américain avaient montré mercredi une progression de 3,9 millions de barils des stocks d'essence la semaine dernière aux États-Unis.

Les groupes pétroliers augmentent leur production pour s'adapter à la saison estivale, marquée par d'importants déplacements en voitures dans le pays, mais la demande reste faible, selon les analystes.

La situation devrait exercer une pression de plus en plus forte à l'approche de la fête nationale américaine, le 4 juillet, qui marque un pic pour la consommation d'essence.

Selon l'Association des automobilistes américains (AAA), le nombre d'Américains partant en vacance lors de ce week-end prolongé (le vendredi 3 sera férié) devrait s'afficher en recul de 1,9% par rapport à l'année dernière, avec 37,1 millions de personnes qui prévoient un déplacement de plus de 80 kilomètres.

Cela devrait se traduire par une consommation d'essence moindre, et ce malgré la chute des prix des carburants à la pompe, actuellement de 2,69$ le gallon (3,78 litres) en moyenne, contre plus de 4$ il y a 12 mois.