Les cours du pétrole grimpaient jeudi matin, tirés par des craintes au Nigeria après une attaque sur un oléoduc de Shell, le marché s'inquiétant néanmoins de l'inertie de la consommation américaine, à quelques semaines du pic des grands déplacements automobiles aux États-Unis.

À 6h00 HAE, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août gagnait 45 cents par rapport à la clôture de la veille, à 68,78 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE).

Le baril de «light sweet crude» pour livraison en août prenait quant à lui 33 cents, à 69 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il a grimpé durant les échanges jusqu'à 69,29 dollars.

Le principal groupe armé dans le sud pétrolifère du Nigeria, le Mouvement d'émancipation du Delta du Niger (Mend), a annoncé jeudi avoir lancé une attaque à l'aube contre un important oléoduc de la compagnie anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell.

Cette attaque, la dernière en date d'une série entamée deux semaines plus tôt, devrait amputer encore la production du Nigeria, premier exportateur de brut africain.

Selon Olivier Jakob, analyste du cabinet Petromatrix, les violences des dernières semaines pourraient avoir ramené l'offre du Nigeria à 1,3 ou 1,4 millions de barils par jour, contre 1,8 mbj au premier trimestre.

De surcroît, les cours étaient aidés par une rechute du dollar face à l'euro, incitant les investisseurs à acheter des matières premières pour se couvrir contre l'inflation.

Mercredi, la Fed a indiqué que son taux directeur devrait rester «extrêmement bas» pendant une «longue période», l'économie devant selon elle rester faible et l'inflation «contenue» encore un certain temps.

«L'atmosphère pourrait s'améliorer sur les marchés de matières premières, grâce à la décision récente de la Fed de maintenir son taux directeur inchangé, au taux historiquement de 0 à 0,5%. Bien que suppposés stimuler l'emprunt, ces taux pourraient attiser les craintes d'inflation et, en retour, doper l'intérêt des matières premières comme placements» anti-inflation, commentait le cabinet JBC Energy.

Les gains restaient malgré tout plafonnés par la crainte, croissante, que les Américains ne laissent leur voiture au garage, à cause de la récession, alors que le mois de juillet correspond traditionnellement à un pic de déplacements en voiture, et donc de carburant brûlé.

Cette inquiétude a été alimentée par le rapport hebdomadaire du Département américain de l'énergie, qui a révélé une hausse, contraire à la tendance saisonnière, des réserves d'essence.

«En l'espace de seulement deux semaines, les stocks d'essence sont passés du bas au milieu de la fourchette moyenne (...) Plus important, la consommation implicite d'essence continue à s'améliorer graduellement mais rien ne suggère pour le moment la ponction de 400.000 barils par jour, qu'on observe normalement pendant la saison des déplacements automobiles», s'inquiète ainsi Peter Hutton, analyste chez NBC Oils.

«Il est trop tôt pour tirer la sonnette d'alarme, mais dans une semaine ou deux, on pourra confirmer si l'échec de 2008 (une consommation d'essence anormalement basse aux Etats-Unis due à la crise, ndlr) va se répéter en 2009», ajoute-t-il.

Depuis le début de la semaine, les cours du brut fluctuent dans une assez large fourchette de prix, entre 66 et 70 dollars. Les opérateurs hésitent, tiraillés entre les menaces sur l'offre, notamment au Nigeria et en Iran, couplés aux espoirs de reprise économique d'un côté, et la crainte, de l'autre, que la consommation ne continue à stagner.