Le pétrole a perdu 7,6% de sa valeur lundi à New York, affaibli par le raffermissement de la monnaie américaine et la chute des marchés boursiers.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en mai a fini à 48,41 dollars US, en chute de 3,97 dollars par rapport à son cours de clôture de vendredi.

Il est tombé en séance jusqu'à 48,11 dollars. Il n'était plus repassé sous les 50 dollars depuis le 18 mars.

À Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a cédé 3,99 dollars, à 47,99 dollars.

«Quand le dollar est en hausse et que l'incertitude augmente sur les marchés boursiers, cela pèse sur le prix des matières premières», a expliqué Phil Flynn, d'Alaron Trading.

La monnaie américaine a poursuivi lundi son raffermissement entamé en fin de semaine dernière, l'euro s'échangeant à 1,31 dollar, ce qui renchérissait le coût de l'or noir pour les investisseurs munis d'autres devises.

La Bourse de New York, baromètre de l'opinion des investisseurs quant aux perspectives économiques et donc des espoirs de reprise de la demande de pétrole, chutait quant à elle lourdement en fin de séance.

Le marché s'inquiétait pour l'avenir des constructeurs automobiles après que les pouvoirs publics américains eurent exigé le départ du patron de General Motors et évoqué la possibilité d'un dépôt de bilan.

M. Flynn a souligné que les marchés asiatiques, où General Motors est une marque forte, avaient nettement accusé le coup (-4,53% à Tokyo, -4,70% à Hong Kong).

«Le marché craint que cela n'affecte leur demande de pétrole», a-t-il observé.

Les intervenants restent sensibles à l'évolution de la situation économique en Asie, moteur de la croissance mondiale d'or noir ces dernières années.

Autre mauvaise nouvelle en provenance d'Asie: la production industrielle du Japon a subi en février une nouvelle chute de 9,4% par rapport au mois précédent.

Après être remontés jeudi à près de 55 dollars, au plus haut depuis quatre mois, les cours du baril de brut texan, référence du marché new-yorkais, avaient déjà perdu 1,96 dollar vendredi.

«Les espoirs de reprise ont été surévalués», a jugé Antoine Halff, de Newedge Group. «Je pense qu'on est à l'orée d'un renouveau des pressions baissières, conformes aux réalités du marché», a-t-il ajouté.

De nombreux analystes soulignent que le deuxième trimestre est traditionnellement une période de faible demande et donc de hausse des stocks de produits pétroliers.

Or aux États-Unis, le premier pays consommateur d'or noir, ces réserves sont déjà «à des niveaux record», a souligné M. Halff, pour qui cette «dynamique très baissière» devrait peser fortement sur les cours dans les semaines à venir.

«La déconnexion entre la récente remontée des cours et les fondamentaux du marché, avec une offre importante et une demande qui reste faible, plaide pour une baisse des prix», a jugé John Kilduff, de MF Global.

Des propos du ministre du Pétrole du Qatar, Abdallah al-Attiyah, n'ont fait qu'entretenir le pessimisme. Selon le ministre, «50 dollars est un prix raisonnable pour 2009 compte tenu de la crise de l'économie mondiale».