Contrairement aux autres analystes, ceux de la Banque TD ne croient pas que les prix du pétrole se rétabliront rapidement. Ce ne sera pas pour cette année, ni pour l'an prochain, estiment-ils, mais pour 2011, au plus tôt.

Suncor, qui vient d'avaler Petro-Canada, pourrait devoir faire preuve de patience avant de retrouver un niveau de rentabilité comparable à celui de 2008, s'il faut croire les économistes Derek Burleton et Dina Cover, qui ont publié hier une étude sur l'évolution du prix de l'or noir.

 

Les analystes croient que le rebond constaté depuis le début de l'année ne durera pas. Hier, le prix du brut de référence américain a encore gagné 1,73$US, à 53,80$US. Depuis le début de l'année, le pétrole est en hausse de 20%.

Cette tendance, et le fait que les sociétés pétrolières aient réduit brutalement leurs dépenses d'exploration, font croire à plusieurs analystes que le prix du pétrole pourrait exploser dès les premiers signes d'amélioration de l'économie mondiale. C'est le cas de Jeff Rubin, de la Banque CIBC, qui prévoit que le prix du pétrole sera de retour dans les trois chiffres très rapidement.

Les analystes de la TD ne sont pas d'accord. Ils prédisent que le prix du pétrole, après une brève remontée en 2009, rechutera à 50 ou 55$US le baril en 2010, à cause de la profondeur de la récession mondiale.

La demande mondiale de pétrole, qui a diminué de 0,8% en 2008, devrait retraiter encore de 2,8% en 2009, selon la TD. Cette faible demande engendrera des surplus qui mettront du temps à se résorber.

Du côté de l'offre, la réduction de production des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ne suffit pas à ramener l'équilibre sur le marché, d'autant moins que les pays producteurs qui ne sont pas membres de l'OPEP, comme le Brésil, les États-Unis et l'Azerbaïdjan, augmentent leur production.

Le résultat, c'est que l'économie mondiale pourra compter sur un coussin plus important lorsqu'elle se remettra en marche. Ce coussin est estimé à plus 4 million de barils par jour, comparativement à 2,7 millions de barils par jour en moyenne entre 1997 et 2007.

Enfin, comme le marché boursier offrira des occasions intéressantes aux investisseurs, ceux-ci seront moins attirés par le pétrole et les autres matières premières, ce qui devrait ralentir la spéculation qui était en partie responsable de la hausse vertigineuse des prix en 2008.

Le brut devrait remonter à 75$US le baril en 2011, pas avant, selon la TD. Pour Suncor, qui produit du pétrole tiré des sables bitumineux à un coût de 35,80$ le baril, ça signifie que les beaux jours de 2008, alors que le brut se vendait 145$US, ne reviendront pas de sitôt.

Le président de l'entreprise, Rick George, l'a reconnu hier en téléconférence avec les analystes financiers. «Nous pouvons certainement voir le pétrole à 30$US ou à 80$US dans les 12 prochains mois», a-t-il dit.

Selon la TD, ce sera plutôt dans le bas de cette fourchette.