«Les fondations du garage n'étaient pas de la bonne grandeur. La plomberie coule, et le revêtement extérieur n'est pas encore terminé.»

Réjean Blanchette est un résidant du quartier sud de Malartic. Et il a son voyage. En octobre dernier, il a vu sa maison se faire charger sur un camion pour être déménagée dans le nouveau quartier aménagé par Osisko.

 

Il devait y entrer le 19 décembre dernier. La Presse Affaires l'a rencontré la semaine dernière. Marteau à la main, il travaillait sur sa maison... qu'il n'habite toujours pas. «Osisko? Ils sont pleins de bonne volonté. Mais ceux qu'ils engagent n'ont pas les compétences pour faire ce qu'ils font», dit-il.

Osisko a offert deux possibilités aux 140 ménages qu'elle doit déménager pour y creuser sa mine. Les citoyens peuvent faire déménager leur maison contre une compensation de 5000$, ou la vendre à Osisko à un prix qui a été fixé à 20% au-dessus de l'évaluation municipale.

Hélène Thibault, directrice des communications d'Osisko, avoue que les premières phases du déménagement ont été plus complexes que prévu. «On s'est rendu compte que c'était vraiment du cas par cas», dit-elle.

D'autres ne cachent pas leur satisfaction. «L'expérience a été très positive. Osisko est très à l'écoute, dit Patrick Samuel, un autre résident déménagé. J'avais un solage de 6 pieds qui coulait. Là j'ai un solage neuf de huit pieds avec un sous-sol pratiquement fini. La maison est en meilleur état que quand ils l'ont prise.»

Pour répondre aux inquiétudes des citoyens, Osisko a ouvert un bureau dans la principale rue de Malartic, où chacun peut venir poser des questions. L'entreprise a aussi formé un comité de consultation dès le début du projet formé de citoyens, de représentants de la ville et d'employés d'Osisko.

Mais Jacques Saucier, porte-parole du Comité de vigilance de Malartic, se demande comment l'entreprise a pu débuter le déménagement avant même de savoir si le gouvernement autorisera le projet. «Est-ce que les dés sont pipés?», demande-t-il.

Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs a tranché: le transfert, s'il fait partie des «impacts» du projet d'Osisko, ne fait pas partie du projet lui-même. L'opération est «entente de gré à gré» entre une entreprise et des résidants. Et n'est pas assujetti à la procédure du BAPE.

Pas de doute: plusieurs trouvent qu'il est bien malheureux qu'Osisko ait trouvé son or directement sous les maisons. «Moi, je dis qu'on est chanceux», dit pourtant le maire, André Vezeau.

«L'or est directement sous le plus vieux quartier de Malartic, explique-t-il. À la ville, on était rendu à refaire les égouts, le système d'eau potable... Ce sont des millions qu'on ne dépensera pas.»

Sans compter que le maire ne trouve pas désagréable le fait de voir une entreprise privée refaire des bâtiments publics à ses frais. La nouvelle école primaire, par exemple, est déjà en construction. Design moderne, grandes fenêtres, géothermie: «Jamais on n'aurait eu ça à Malartic!» dit M. Vezeau.