Signe que les temps sont vraiment durs, Hydro-Québec a accepté de s'asseoir avec les grands industriels québécois pour les aider à mieux gérer leur facture énergétique et à réduire les impacts de la récession sur leurs activités.

«Ce qu'il faut faire, c'est sauver les meubles et, pour ça, il faut des mesures exceptionnelles», résume Luc Boulanger, porte-parole du regroupement des grands utilisateurs d'électricité, l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité (AQCIE).

 

La cellule de crise a été constituée à l'initiative de l'AQCIE, mais l'ensemble du secteur industriel québécois pourra bénéficier des solutions qui seront mises de l'avant, indique Luc Boulanger.

En fait, tous les clients d'Hydro-Québec qui paient au tarif applicable à la grande industrie (tarif L) sont visés par les discussions en cours actuellement avec Hydro. Ces clients, au nombre de 250, consomment près de la moitié de toute l'électricité vendue au Québec.

Les membres de la cellule de crise se sont déjà réunis à trois reprises. Il est encore trop tôt pour préciser les mesures qui pourraient être mises en place pour aider la grande industrie, mais il est question d'assouplissement des conditions de crédit, entre autres choses. «Tout est sur la table, s'est contenté de dire Luc Boulanger, on a besoin de flexibilité.»

Selon Hydro-Québec, il s'agit de «rencontres exploratoires» et les mesures d'aide qui pourraient en résulter devront être soumises à la Régie de l'énergie.

Le groupe espère en arriver à des solutions concrètes d'ici un mois. «On veut éviter que les usines ferment de façon temporaire, parce qu'une fois que c'est fermé, ça peut facilement devenir définitif», explique Luc Boulanger.

Pour les entreprises représentées au sein de la cellule de crise, l'électricité représente entre 30 et 60% des coûts de production. Beaucoup d'entre elles, comme Rio Tinto Alcan, Alcoa et plusieurs entreprises du secteur des pâtes et papiers, ont déjà pris des mesures exceptionnelles allant de la réduction des investissements aux licenciements massifs.

Ce ne sera pas suffisant, estime Luc Boulanger, qui croit que d'autres mesures sont nécessaires si le Québec veut sauver sa base industrielle. En Colombie-Britannique et au Manitoba, où les tarifs d'électricité sont encore plus bas qu'au Québec, des discussions similaires sont en cours entre le gouvernement et les entreprises, a fait valoir M. Boulanger.

La baisse marquée du dollar canadien, qui aurait dû soulager les grands exportateurs, n'a pas réussi à compenser la chute brutale des prix des métaux et autres matières de base, conséquence d'une disparition soudaine de la demande pour ces produits. Ce brusque ralentissement risque d'être long, craint l'industrie.

Les alumineries et les entreprises des secteurs de la forêt et de la métallurgie, qui sont toutes de gros consommateurs d'électricité, avaient réclamé un gel des tarifs d'électricité en 2009-2010.

La Régie de l'énergie n'a pas accordé la hausse de 2,2% réclamée par Hydro-Québec, mais a permis une augmentation de 1,2% pour tenir compte d'un changement aux règles comptables que la société d'État veut mettre en oeuvre sans attendre.

Les grands consommateurs sont furieux. «Est-ce qu'on décide en pleine crise économique de régler des problèmes comptables?» demande Luc Boulanger.

Comme les décisions de la Régie sont sans appel, la grande industrie devra vivre avec cette nouvelle augmentation des tarifs d'électricité qui s'appliquera le 1er avril. «Mais on explore d'autres pistes qui nous permettraient de passer au travers la crise sans trop de dommages», dit leur porte-parole.