Même si Terre-Neuve-et-Labrador fait pour l'instant cavalier seul dans le projet hydroélectrique du Bas Churchill, le gouvernement du Québec demeure intéressé à y participer, soutient le premier ministre Jean Charest.

«La porte reste toujours ouverte», a récemment déclaré M. Charest, en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse.

Cela fait des années que le gouvernement terre-neuvien veut développer ce projet de deux centrales au Labrador (pour 2800 mégawatts), qui s'ajouterait à la centrale de la partie supérieure du Churchill (5429 MW), en exploitation depuis 1971.

Les anciens premiers ministres Lucien Bouchard et Brian Tobin avaient conclu une entente de principe en 1998, mais celle-ci s'est évanouie au tournant des années 2000.

En 2005, le Québec, l'Ontario et la firme d'ingénierie SNC-Lavalin (TSC:SNC) avaient répondu à un appel d'offres pour le développement du projet, mais le gouvernement de Danny Williams a mis fin à celui-ci en 2006, préférant procéder seul. Au lieu de passer par le réseau d'Hydro-Québec pour vendre l'énergie à l'Ontario et aux Etats-Unis, Terre-Neuve devra donc installer des câbles sous-marins dans les Maritimes.

«On n'aura jamais ouvert une négociation formelle», a reconnu Jean Charest, en assurant qu'il n'était pas déçu de la tournure des événements.

«Ce n'était pas à nous de forcer le jeu, a-t-il soutenu. C'est vraiment à eux de décider s'ils veulent (relancer les discussions). S'ils choisissent de le faire, bravo, on s'asseoit ensemble, mais sinon, on respecte le choix qu'ils font.»

Le premier ministre a souligné que depuis la décision de Terre-Neuve-et-Labrador de faire cavalier seul, le Québec s'est doté, en 2006, d'une politique énergétique dans laquelle figure notamment la construction du complexe de la rivière Romaine, sur la Côte-Nord, d'une puissance de 1550 MW. Les travaux doivent commencer cet été.

Dans ce dossier, le gouvernement terre-neuvien accuse Hydro-Québec de ne pas avoir rencontré ses représentants et d'avoir mal évalué les impacts environnementaux du complexe, en plus de mettre en doute la frontière interprovinciale proposée pour l'étude du projet.

Ottawa et Saint-Jean ont annoncé le mois dernier l'établissement d'une commission d'examen conjoint qui se penchera sur le projet du fleuve Churchill. Le ministère de l'Environnement de la province analysera pour sa part le projet de transmission par câble sous-marin entre les centrales du Labrador et l'île de Terre-Neuve.

Les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador ont gardé en travers de la gorge l'accord énergétique conclu avec le Québec en 1969, qui prévoit la vente de la quasi-totalité de l'électricité produite à la centrale du Haut Churchill à des tarifs préférentiels, et ce jusqu'en 2041.