L'action de Rio Tinto (RTP) a bondi de près de 7% hier, après que l'entreprise eut confirmé qu'une solution à son problème aigu d'endettement pourrait venir du géant chinois Chinalco, qui est déjà son plus important actionnaire.

Des discussions sont en cours avec Chinalco concernant un investissement en capital et l'acquisition de participations minoritaires dans certaines filiales, a fait savoir la direction de Rio Tinto, sans donner plus de détails.Ces discussions seraient déjà passablement avancées, selon un journal de Sydney, The Australian. Selon les informations du journal, les deux entreprises négocient une transaction de 20 milliardsUS qui ferait passer la participation de Chinalco dans Rio Tinto de 9% à entre 15 et 20%.

Cela lui donnerait aussi des participations minoritaires dans plusieurs filiales de la troisième minière au monde.

Les activités qui seraient partiellement cédées par Rio Tinto sont principalement situées en Australie et sont liées au minerai de fer et à l'aluminium, les deux secteurs les plus convoités par les Chinois. Chinalco s'intéresserait particulièrement aux activités liées à l'aluminium de Rio Tinto en Australie, dont l'aluminerie de Gove. Certaines activités situées ailleurs dans le monde pourraient aussi faire partie de la transaction.

Les négociations seraient assez avancées pour qu'une entente soit annoncée lors de la publication des résultats annuels de Rio Tinto le 12 février, avance le journal australien.

La nouvelle a fait bondir l'action de Rio Tinto sur les marchés et Londres et New York. La hausse a atteint 7%, mais, en fin de journée, elle n'était plus que de 4% à New York.

Si elle se réalise, cette transaction réglerait d'un seul coup le problème de Rio Tinto, qui ne peut plus supporter la dette de 40 milliardsUS contractée lors de l'acquisition d'Alcan. Rio Tinto a accepté de débourser 38 milliardsUS pour mettre la main sur Alcan alors que le prix de l'aluminium atteignait un sommet. Depuis, le prix de l'aluminium sur le marché international a diminué de moitié et la crise du crédit a empêché Rio Tinto de vendre des éléments d'actif pour rembourser une partie de sa dette.

La dégringolade du marché a été rapide et en quelques semaines, Rio Tinto s'est retrouvée acculée au mur, avec une tranche de 9 milliards de sa dette due en octobre prochain et une autre de 10 milliards remboursable en octobre 2010.

La semaine dernière, Rio Tinto s'est résignée à vendre quelques éléments d'actif, probablement à un prix inférieur à celui escompté. L'entreprise a vendu deux mines à sa concurrente brésilienne Vale et a fait savoir que deux autres, en Argentine et au Brésil, seront vendues prochainement.

En plus de vendre des éléments d'actif, Rio Tinto avait envisagé d'émettre des actions pour se renflouer et elle a entrepris de rationaliser ses activités. Entre autres mesures, l'entreprise avait réduit de moitié ses dépenses en capital prévues pour 2009 et éliminé 14 000 emplois.

L'onde de choc a fini par atteindre sa filiale Alcan, qui a dû à son tour réduire ses dépenses en capital, fermer certaines de ces installations et éliminer 300 emplois au Québec.

Le moment est jugé propice pour le gouvernement chinois d'investir davantage pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières. Selon l'agence Reuters, Chinalco négocie avec une autre entreprise d'État, la Banque chinoise de développement, pour obtenir le financement nécessaire à son investissement dans Rio Tinto.

Chinalco avait déjà fait connaître son intention d'augmenter sa participation dans Rio Tinto. Si cette participation passe à entre 15 et 20%, l'entreprise devra obtenir l'accord du gouvernement australien qui limite la propriété étrangère des entreprises de ressources naturelles.