Rio Tinto Alcan éliminera 51 emplois à son aluminerie de Shawinigan au cours des prochaines semaines, une mesure qui constitue le fait saillant du plan de rationalisation présenté à l'exécutif syndical lors d'une longue rencontre qui s'est déroulée mercredi après-midi. Les travailleurs savent donc un peu plus à quoi s'en tenir. D'autres éléments touchant la réorganisation de certains départements seront toutefois précisés au cours des prochains jours.

Rio Tinto Alcan éliminera 51 emplois à son aluminerie de Shawinigan au cours des prochaines semaines, une mesure qui constitue le fait saillant du plan de rationalisation présenté à l'exécutif syndical lors d'une longue rencontre qui s'est déroulée mercredi après-midi. Les travailleurs savent donc un peu plus à quoi s'en tenir. D'autres éléments touchant la réorganisation de certains départements seront toutefois précisés au cours des prochains jours.

Le président du Syndicat des travailleurs de l'aluminerie Alcan (CSN), Louis-Gérard Dallaire, s'attendait à ce que la main-d'oeuvre soit touchée en plein coeur, étant donné l'ampleur de l'effort demandé.

«On s'en doutait très fortement», commente-t-il. «On se demandait comment la compagnie pourrait aller chercher 18 millions de dollars uniquement en gestion d'inventaires ou en gestion d'équipements. On trouvait qu'il manquait un gros morceau.»

Les 51 pertes d'emplois sont réparties un peu partout dans l'usine, mais principalement à l'entretien et au centre de coulée. Selon M. Dallaire, le syndicat a suggéré que l'employeur mette en place un programme de préretraite pour adoucir le choc.

«Mais on nous a répondu par un non catégorique», déplore-t-il.

En conséquence, beaucoup de jeunes salariés seront touchés par ces pertes d'emplois. En fait, il s'agira essentiellement d'employés engagés par la firme de placement Adecco qui, depuis l'été 2005, embauche les nouveaux travailleurs de l'aluminerie à un taux horaire beaucoup moins élevé.

M. Dallaire précise que depuis près de quatre ans, Adecco avait recruté environ 80 personnes. Ces coupes toucheront donc plus de 60% de cette main-d'oeuvre. Au total, l'aluminerie employait 500 personnes avant cette annonce.

La convention collective des employés d'Adecco vient à échéance le 31 décembre et visiblement, l'exercice de renouvellement s'annonce ardu.

«Tout ce qui s'appelle négociation à l'heure actuelle, ce n'est pas facile», convient M. Dallaire. «Nous étions aussi en négociation pour le fonds de pension, mais présentement, ce n'est plus la priorité. Il faut d'abord voir comment on va passer à travers l'année 2009.»

Jusqu'à 22 millions $

Dans les autres mesures présentées, Rio Tinto Alcan se concentrera sur la restructuration et la réorganisation du travail, le non-remplacement du personnel cadre, le départ de chargés de projets, une gestion d'inventaire plus serrée des différentes matières premières et sur un meilleur contrôle du matériel.

Par ailleurs, l'usine shawiniganaise récupérera des cuves et divers équipements de sa soeur jumelle de Beauharnois, qui cessera sa production en juin.

«Les deux usines se ressemblent beaucoup en terme de technologie», rappelle M. Dallaire. «Leurs cuves ne sont pas tellement vieilles; nous pourrons donc les récupérer. Notre taux de remplacement est plus élevé que la moyenne. Ça coûtera beaucoup moins cher que de construire des cuves neuves.»

Le représentant syndical mentionne que l'ensemble des mesures présentées mercredi après-midi pourraient permettre à la compagnie d'économiser jusqu'à 22 millions $ par année.

«C'est le montant qui a été identifié», nuance M. Dallaire. «Personnellement, je crois qu'il veulent gratter plus large pour tomber sur la cible de 18 millions $.»

Sur un plan plus positif, le président syndical réitère qu'aucune diminution de production n'est anticipée en 2009 à Shawinigan.

«La compagnie a aussi procédé à une analyse des commandes prévues à travers les alumineries du Québec», ajoute-t-il. «Plutôt que de fermer un centre de coulée, les commandes ont été réparties à travers les usines. Ce n'est pas mauvais! Bien sûr, notre main-d'oeuvre est affectée, mais une fermeture d'usine aurait été encore moins drôle.»

Les jeunes écopent

«Ça parlait juste de ça aujourd'hui. Personne n'avait vraiment le coeur à l'ouvrage», explique Gilles Lavergne, qui travaille dans le département de la mécanique.

Les employés savent depuis longtemps que la situation n'est pas rose sur le marché et que la compagnie doit prendre des mesures pour y faire face. Par contre, la réalité a quand même frappé fort, non seulement en regard des pertes d'emplois, mais aussi de la réorganisation du travail.

«On se doutait bien qu'il se passerait quelque chose, il fallait s'y attendre. Mais on croit toujours que les départs peuvent se faire par attrition, par départs à la retraite. Là, ce sont les jeunes qui écopent et c'est bien triste», soulignait Richard Gingras, en quittant l'usine hier soir.

De son côté, son collègue Gilles Lavergne a constaté que même si aucun de ses compagnons de travail au département de la mécanique ne perdait son emploi, plusieurs seraient relocalisés dans l'usine. Ainsi, sur seize employés du département, sept seront maintenant appelés à accomplir d'autres tâches.

«On aura moins de monde avec nous pour faire le travail. Et ce n'est pas drôle non plus pour ceux qui doivent s'en aller dans un autre département et apprendre de nouvelles tâches. Quand ça fait près de vingt ans que tu travailles dans un département que tu aimes et qu'on te demande d'apprendre autre chose, c'est dommage», lance-t-il.

Mais les employés de Shawinigan demeurent réalistes et savent bien que ces abolitions de postes font partie des concessions permettant à l'usine de survivre. «Si ça peut nous permettre de travailler encore quelques années, c'est un sacrifice qu'il faut faire», convient Richard Gingras.