Les ennuis du cartonnier américain Smurfit-Stone (SSCC) ont incité Dundee Capital Markets à réduire son prix cible du titre de Cascades inc. (T.CAS) à 2,50$, alors qu'il était de 6$ avant la décote survenue lundi.

Smurfit-Stone s'est déclarée insolvable lundi et a entrepris une réorganisation de sa dette, en se plaçant sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies au Canada et aux États-Unis.

 

Le pire est passé

«Nous ne pensons pas que Cascades soit menacé du même sort à court terme, mais (les difficultés de Smurfit-Stone) illustrent les défis énormes qui attendent les fabricants nord-américains de carton compact pour caisses», écrit l'analyste Richard Kelertas, de Dundee.

Mais chez Cascades, premier producteur de carton au Canada, on pense que le pire est passé durant la première moitié de 2008. Cascades affirme que les difficultés de Smurfit-Stone ne sont pas représentatives de ce qui se passe dans le reste du secteur.

«Pour ce qui est de l'avenir, la visibilité est très faible, mais nos coûts ont fléchi beaucoup depuis la fin de l'été dernier et le taux de change s'est amélioré beaucoup aussi. Le creux de la vague, on l'a affronté beaucoup plus durant les deux premiers trimestres de 2008 qu'au moment où on se parle», dit Didier Fillion, porte-parole de Cascades.

«L'enjeu de Smurfit-Stone est davantage un enjeu de structure de capital que de marché. C'est ce que Smurfit affirme et plusieurs analystes ont la même lecture. Ils sont arrivés dans un contexte de crise financière et de ralentissement économique avec un niveau de dette relativement important, avec la nécessité de renégocier une marge de crédit pour novembre 2009, des ratios financiers à respecter et des besoins de liquidités, tout ça combiné à un contexte où les discussions avec les banques ne sont pas aussi faciles qu'il y a deux ans.»

Cela n'a rien à voir avec Cascades ni avec le reste du secteur, même si tout le monde est tributaire d'une demande qui est difficile à prévoir, ajoute M. Fillion.

M. Fillion a rappelé que les résultats du troisième trimestre de 2008 annoncés par Cascades en novembre montraient déjà une amélioration au niveau du profit d'exploitation: il est passé de 63 millions, au deuxième trimestre, à 88 millions, au troisième (c'est tout même 7 millions de moins qu'au troisième trimestre de 2007).

M. Fillion n'a pas voulu prédire les prochains résultats trimestriels.

Mais selon lui, la réduction des coûts, l'augmentation des prix et le retour du dollar canadien faible font en sorte qu'«il faudrait une très, très, très, très grosse détérioration pour que ce ne soit pas positif au net» quand Cascades annoncera ses prochains trimestriels, le 27 février. Et ce, même s'il y a «un peu de faiblesse potentielle au niveau des volumes et des prix», a-t-il ajouté.

Chute de la production

Dans la note annonçant la réduction de son prix cible, Richard Kelertas, de Dundee, souligne que le marché américain a continué de se détériorer en décembre.

Selon l'American Forest and Paper Association, les machines des cartonniers ont tourné à seulement 71,6% de leur capacité, une chute abrupte quand on compare aux 85,2% de novembre. La production totale est tombée comme une pierre, une chute de 26,1% de décembre 2007 à décembre 2008.

«Le taux d'exploitation est faible pour tout le monde, et il y a des temps d'arrêt qui coûtent cher. Tout cela est connu, rétorque M. Fillion, de Cascades. Cela n'a pas empêché plusieurs gros acteurs américains du secteur de l'emballage -notamment Rock-Tenn, Temple-Inland et Packaging Corp. of America- d'annoncer récemment des résultats trimestriels décents, qui ont surpris les analystes.»

Il rappelle que 83% des clients de Cascades dans le carton-caisse se retrouvent dans le secteur agroalimentaire, un secteur historiquement moins sensible au ralentissement économique que le secteur manufacturier. «C'est sûr que c'est sensible à la conjoncture économique, mais moins que d'autres secteurs comme les biens durables.»