"La marge disparaît de façon incroyable. On parle d'érosion de prix d'environ 40% en l'espace d'un mois. On parle de millions de dollars qui disparaissent."

Robert Belisle est directeur général pour Contrecoeur-Ouest et Longueuil d'ArcelorMittal, le plus gros producteur d'acier au monde. Face à la crise économique, le géant - qui extrait du minerai de fer et le transforme en acier - a réagi.

"Pour ce qui est d'ArcelorMittal au complet, on va couper autour de 35% de notre capacité de production au quatrième trimestre. Ça représente 9 millions de tonnes d'acier à l'échelle mondiale. Et les pourcentages sont très similaires au Québec", a confié M. Belisle à La Presse Affaires en novembre dernier.

Fermetures planifiées chez Iron Ore Company of Canada, réduction de production de 50% chez Mines Wabush, suspension complète des activités de la mine Langlois, à Lebel-sur-Quévillon: 2008 aura été l'année où les minières ont levé le pied de l'accélérateur pour appuyer sur le frein.

S'il semble logique dans le contexte, ce ralentissement de production est pourtant exceptionnel.

"Dans un passé pas si lointain, quand on voyait une baisse des prix, les compagnies augmentaient leur production pour compenser, dit André Lavoie, de l'Association minière du Québec. Le problème, c'est que ça contribuait à l'augmentation des stocks. Les prix perduraient à la baisse et la période difficile était beaucoup plus longue à traverser."

"Le ralentissement qu'on observe actuellement est un phénomène nouveau, dit M. Lavoie. Je dirais que les entreprises sont beaucoup plus disciplinées. Et ça a un effet stabilisateur sur les prix."

Comment l'expliquer? M. Lavoie croit que dans certains cas, la consolidation de l'industrie observée au cours des dernières années a donné naissance à des entreprises plus grandes et davantage en mesure de réagir.

David Coffin, analyste du secteur minier, y voit quant à lui un signe de santé financière. "Cette fois, le cycle a été assez long et assez fort pour que les entreprises aient de l'argent dans leurs coffres. Elles ne sont plus des emprunteurs. Elles ferment des mines à un rythme impressionnant, et elles le font parce qu'elles le peuvent. Parce qu'il n'y a pas de banques derrière qui leur disent: continuez d'envoyer du métal dans le marché."

Qu'y a-t-il dans la boule de cristal pour 2009? À l'Association minière du Québec, on admet que l'année risque d'être difficile... mais sans perdre espoir.

"On croit qu'il reste tout de même une certaine fermeté dans le rythme de croissance de la Chine et des pays émergents. Avec le fait que l'industrie est plus disciplinée, on pense que la reprise des prix va être beaucoup plus rapide que ce qu'on a pu connaître antérieurement", dit André Lavoie.