Les entreprises minières ne s'attendent pas à de grands bouleversements en Guinée malgré le récent coup d'État et les annonces de la junte au pouvoir qui dit vouloir ouvrir des "négociations" avec elles.

Ni la minière montréalaise Semafo, ni Rio Tinto Alcan, la division aluminium du géant Rio Tinto dirigée du Québec, ne se montrent trop inquiètes des propos du capitaine Moussa Dadis Camara, qui a pris le pouvoir en Guinée le 23 décembre à la suite d'un coup d'État.

Dans un premier message, la junte au pouvoir avait affirmé qu'il y aurait une "renégociation, une révision" des contrats avec les sociétés minières présentes en Guinée, ce qui avait semé l'inquiétude. La junte a par la suite clarifié ses propos.

"Le fonctionnement correct des sociétés minières n'est pas remis en cause. Il s'agit simplement d'ouvrir dans les prochains jours des négociations avec nos partenaires pour asseoir les bases d'une collaboration avantageuse pour toutes les parties", a indiqué la junte dans un communiqué lu à la radio.

Le groupe du capitaine Moussa Dadis Camara a pris le pouvoir en Guinée à la suite du décès de l'ancien président, Lansana Conté, qui a régné sur le pays pendant 24 ans.

Benoît Lasalle est président et chef de la direction de la minière montréalaise Semafo, qui exploite une mine d'or en Guinée. "On a lu dans certains journaux que le secteur minier n'était plus le bienvenu en Guinée et que le nouveau président avait demandé à ce que les mines ferment. Ce n'est pas ce que je perçois", a dit hier M. Lasalle à La Presse Affaires.

M. Lasalle explique qu'il verse des royautés de 5% au gouvernement guinéen, une entente conforme à la loi du pays. Selon lui, ce sont les multiples ententes qui ne sont pas conformes à cette loi qui sont dans la mire du nouveau président.

"Je ne m'attend pas à des problèmes ou à des renégociations. Vraiment pas", dit-il.

S'il affirme avoir établi de bonnes relations avec le régime précédent, M. Lasalle voit tout de même le changement d'un bon oeil.

"Le nouveau dirigeant est un homme qui me semble vraiment très bien. C'est un gars bien formé qui a une maîtrise en finances et en économie. De ce qu'on lit, le gars semble avoir de belles valeurs et veut arrêter la corruption, qui est omniprésente dans ce pays."

L'entreprise a fait savoir hier que des représentants du nouveau gouvernement s'étaient rendus à la mine de Semafo dimanche pour discuter avec la direction et leur assurer que les affaires continuaient comme avant.

"Les opérations continuent normalement", a aussi indiqué Stefano Bertolli, porte-parole de Rio Tinto Alcan, qui a une participation dans d'importantes mines de bauxite en Guinée. L'entreprise a indiqué vouloir organiser une rencontre avec les autorités après les Fêtes.