Une vaste étude de Statistique Canada révèle sans surprise que les hommes continuent d'avoir une rémunération plus élevée que les femmes. L'équipe de chercheurs a analysé la rémunération annuelle (et non le taux horaire) des Canadiens sur une période de 40 ans à partir des déclarations de revenus. Même si les femmes ont fait des gains entre 1978 à 2015, elles restent sous-représentées dans le bassin des Canadiens ayant des revenus supérieurs.

Une femme pour sept hommes

En 2015, il n'y avait que 12 % de femmes parmi le 0,1 % des plus hauts salariés du pays. Il s'agit de revenus annuels totalisant 761 000 $ et plus. La majorité des femmes se retrouvent dans le bassin de revenus les plus bas, qui représente 90 % des Canadiens.

Un gain de 26 %

En 1980, le salaire moyen des femmes, faisant partie de 90 % des salariés canadiens, était de 29 900 $, comparativement à 47 000 $ pour les hommes. Un écart de 40 %. En 2015, l'écart s'est rétréci à 14 %, avec une moyenne de revenus annuels de 40 600 $ pour les femmes contre 48 600 $ pour les hommes.

Pourquoi des écarts de revenus ?

Autrefois, l'écart des revenus entre les hommes et les femmes s'expliquait par le niveau de scolarité plus faible des femmes, leur manque d'expérience sur le marché du travail et l'ancienneté. « Aujourd'hui, de plus en plus de femmes ont leur propre carrière et leur niveau de scolarité a augmenté de façon substantielle, explique l'économiste de Statistique Canada, René Morissette, en entrevue avec La Presse. L'étude visait à expliquer l'écart qui persiste. »

Au cours des deux décennies, les revenus des hauts salariés ont augmenté beaucoup plus que ceux de la tranche inférieure qui représente 90 % des Canadiens. Comme les hommes sont nettement plus nombreux dans les tranches de revenus supérieures, la moyenne globale des revenus des hommes a augmenté. « Cette croissance-là dans les échelons supérieurs a pu avoir contribué à expliquer l'écart salarial qu'on observe aujourd'hui », affirme René Morissette.

19 % de plus

L'équipe de Statistique Canada a fait plusieurs simulations pour trouver des solutions qui réduiraient l'écart entre les revenus. « Si les femmes étaient représentées au même degré que les hommes dans tous les échelons et dans l'ensemble de l'économie, l'écart des salaires entre les hommes et les femmes se rétrécirait considérablement, soutient René Morissette. Si, à l'intérieur de chaque industrie, on permettait aux femmes d'avoir la même représentation que les hommes dans les échelons élevés de revenus, l'écart serait aussi réduit. Que l'on regarde pour l'ensemble de l'économie ou à l'intérieur de chaque industrie, ça donne pratiquement la même réponse. »

Le fait de permettre aux femmes d'atteindre les échelons supérieurs de la rémunération au sein des industries en général aurait des répercussions plus importantes que de transférer les femmes des industries traditionnellement féminines à celles traditionnellement masculines.

Limites de l'étude

L'étude ne peut pas évaluer si la sous-représentation des femmes dans les paliers de revenus supérieurs est volontaire, parce que ce sont, par exemple, des postes stressants impliquant de longues semaines de travail, ou s'il s'agit de barrières à l'entrée de ces emplois réservés aux boys' clubs.

Comme l'analyse a été faite à partir de relevés T4 sur lesquels les professions ne sont pas indiquées, il n'a pas été possible d'examiner si le fait de choisir des professions traditionnellement masculines, comme l'ingénierie ou l'informatique, diminuerait l'écart des salaires entre les hommes et les femmes.