Alors que le gouvernement de François Legault fera une première mise à jour économique ce lundi, un groupe de 117 groupes syndicaux, communautaires et étudiants l'implorent de hausser le salaire minimum à 15 $ l'heure.

« M. Legault a répété en campagne électorale que le Québec n'avait pas assez d'emplois à 30 ou 40 $ l'heure ; nous lui rappelons que le Québec compte aussi trop d'emplois à moins de 15 $ », a déclaré Sonia Éthier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec, ce dimanche matin en point de presse.

Insistant sur les engagements électoraux du nouveau gouvernement, Mme Éthier a rappelé que la Coalition Avenir Québec s'était positionnée comme « le parti du changement, des familles, des travailleurs ».

Elle a ajouté ne pas encore avoir eu l'occasion de s'entretenir à ce sujet avec Jean Boulet, nouveau ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale : toutefois, souligne-t-elle, « le gouvernement en place connaît déjà nos revendications à ce sujet ».

L'attachée de presse de M. Boulet a plus tard fait savoir que « le ministre est sensible à l'enjeu du salaire minimum et analyse actuellement différents scénarios ».

Tous les représentants des groupes présents à la sortie publique ont par ailleurs souligné à gros traits que cette hausse du salaire minimum n'était pas une finalité, et qu'il s'agissait avant tout d'une mesure destinée à sortir des travailleurs de la pauvreté.

« Nous n'accepterons pas que cette hausse soit faite au détriment des services publics et des programmes sociaux », mentionne la déclaration commune.

Le groupe d'organismes signataires rappelle aussi que les femmes, les personnes racisées, les immigrants, les personnes handicapées et les autochtones « sont particulièrement touchés par les bas salaires », et qu'une hausse unilatérale de salaire réduirait la « marginalisation et l'exclusion sociale ».

Porte-parole de l'Organisation des femmes philippines du Québec, Jasmin de la Calzada a pour sa part décrit comme un « mensonge » la promesse des élus faite aux immigrants de leur « permettre de bâtir une nouvelle vie grâce à leur travail acharné ».

« Ce qui se produit, c'est la création d'une nouvelle génération de précarité, de travailleurs de seconde classe », déplore-t-elle.

Aide aux locataires

Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) est au nombre des organismes qui revendiquent une hausse du salaire minimum à 15 $ l'heure.

Sa coordonnatrice Émilie Joly mentionne qu'à l'heure actuelle, quelque 250 000 ménages québécois qui sont locataires consacrent plus de la moitié de leurs revenus pour se loger. Selon elle, un salaire plancher à 15 $ permettrait de sortir la moitié de ces ménages de cette situation.

« Ce serait un changement drastique pour eux », dit-elle.

« On vient de connaître un gouvernement qui s'est longtemps plu à dire qu'il n'avait pas les moyens d'en faire plus, mais qui a laissé des surplus de 4 milliards avant l'investissement dans la dette : on est donc là aujourd'hui pour rappeler au gouvernement Legault qu'il a la capacité d'en faire plus et qu'il doit démontrer qu'il a la volonté d'aider les ménages à faible revenu. »

Le nouveau ministre des Finances, Éric Girard, fera ce lundi la première mise à jour économique du gouvernement caquiste. On s'attend par ailleurs que le ministère du Travail annonce pour sa part bientôt le nouveau salaire minimum qui sera en vigueur à compter du 1er mai prochain.