La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Claude Marchand, président et chef de la direction de LCI Éducation, répond aujourd'hui aux questions de Maxime Rémillard, président et chef de la direction de Groupe V Média et de Remstar.

Lorsque vous êtes arrivé à la tête de LCI Éducation, votre objectif était d'amener l'organisation au sommet en tant que chef de file de l'enseignement privé dans le monde. Vous êtes dans neuf pays. Diriez-vous que cet objectif est atteint ?

Je dirais surtout que nous progressons bien. Les indicateurs de performance démontrent qu'on est sur la bonne voie, mais plutôt à mi-chemin. C'est très encourageant. On est présentement sur un plan de développement qui se poursuit jusqu'en 2021. J'ai été nommé président en octobre 2014. On doit continuer à développer les 22 campus existants, adapter l'offre de formation aux besoins qui évoluent rapidement. Actuellement, on a 15 000 élèves, alors qu'un réseau similaire en compte 1 million. Quand on regarde notre objectif, c'est évident que nous avons opté pour une stratégie boutique et niche.

Comment peut-on comparer la gestion d'une entreprise classique à la direction d'un groupe d'établissements scolaires ?

Comme président, mes responsabilités consistent principalement à diriger le réseau d'établissements. Ce réseau est donc dirigé comme une entreprise classique. Chaque établissement est géré indépendamment, parce qu'il est accrédité par un ministère de l'Éducation local. Chaque école est une communauté d'enseignants et d'élèves implantée dans un écosystème plus large dans son pays. Le réseau, pour sa part, offre différents services communs et encourage le partage des meilleures pratiques. Les établissements, par leur histoire, privilégient une gestion très dynamique, qui se rapproche d'une entreprise. Leur taille varie entre 1000 et 4000 élèves, alors ils sont très agiles si on les compare à des établissements de plus grande taille.

Quels sont les principaux défis en 2017 d'une entreprise québécoise qui opère à l'échelle internationale comme la vôtre ?

Le défi est certainement d'inspirer l'équipe de gestion établie à Montréal pour que tous les membres aient une vision qui est portée sur le monde. Ils doivent rester connectés aux 22 campus sur une base quotidienne. Je crois que c'est une nouvelle réalité pour plusieurs entreprises québécoises qui s'exportent et qui souhaitent malgré tout rester ancrées à Montréal. On compte beaucoup sur les équipes de gestion locales déployées partout pour faire remonter vers nous l'information pertinente. Il faut savoir que certaines de nos écoles sont implantées depuis près de 30 ans. On fête nos 30 ans au Maroc dans deux ans. Cette année, on fête nos 20 ans en Colombie et en Indonésie. Chacun des établissements est enraciné profondément dans son marché.

On parle beaucoup de l'éducation de nos jeunes au Québec. Selon votre expérience de ce milieu à l'international, doit-on se consoler ou se désoler si l'on se compare ?

C'est peut-être cliché, mais à mon avis, nous n'avons absolument rien à envier à personne. Nous pouvons apprendre des bons coups de certains acteurs à l'international, c'est certain, mais on doit être fiers. Montréal a remporté cette année la palme de la meilleure ville universitaire au monde, notamment grâce à son accessibilité. Le réseau collégial, lui, est absolument unique et permet la valorisation des métiers techniques. Il y a aussi des innovations toutes québécoises, comme la plateforme ChallengeU, qui a convaincu 2000 élèves dans les trois derniers mois de terminer leur secondaire sur leur cellulaire grâce à un partenariat avec les commissions scolaires.

Cela dit, il reste encore beaucoup à faire. La situation de nombreuses écoles primaires publiques délabrées est absolument inacceptable dans une société comme la nôtre. Par ailleurs, il y a place à une meilleure utilisation des technologies dans les écoles. C'est un aspect où la province traîne de la patte. Et on doit rester éveillé pour adapter l'offre de formation rapidement, tant au primaire et au secondaire qu'au collégial et à l'universitaire.

Les entreprises recherchent de plus en plus des leaders qui ont aussi connu l'échec. On entend même parler de l'expression « culture de l'échec ». Quelle est votre expérience personnelle en la matière et quel est votre avis sur ce sujet ?

Échouer est extrêmement douloureux, mais tous les leaders ont connu des échecs et certains acceptent maintenant, comme c'est mon cas, d'échanger là-dessus parce que c'est une source de connaissance très riche et utile pour la relève. Je pense qu'il y a une valorisation aujourd'hui des leaders qui font preuve d'humilité et de transparence. J'ai connu un échec important il y a 12 ans avec la deuxième entreprise que j'ai fondée. Si c'est extrêmement douloureux sur le coup, avec le recul, on découvre que c'est une formation incroyable.

La semaine prochaine, Serge Maltais, président et chef de la direction d'Héma-Québec, répond aux questions de Claude Marchand.

LE PARCOURS DE CLAUDE MARCHAND EN BREF

ÂGE : 32 ans

ÉTUDES : Claude Marchand est titulaire d'un baccalauréat en administration des affaires de l'Université du Québec à Montréal.

EN POSTE DEPUIS : octobre 2014

NOMBRE D'EMPLOYÉS : 2500

AVANT D'ÊTRE À LA TÊTE DE LCI ÉDUCATION : Il a d'abord fondé une entreprise d'hébergement de sites web, puis une seconde dans l'industrie des jeux vidéo. En 2008, il a fait son entrée en éducation au Collège LaSalle comme directeur principal du marketing et de la formation en ligne. Il a également été vice-président exécutif de LCI Éducation.