La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Michel Robert, président et chef de la direction de Groupe Robert, répond aujourd'hui aux questions de Simon Laroche, vice-président des ventes chez Labatt.

Quelle est l'importance de l'innovation dans le domaine du transport et qu'est-ce qui vous distingue de vos concurrents à ce sujet ?

L'innovation a toujours pris une place de premier plan chez Groupe Robert. Que ce soit pour des équipements adaptés à des besoins spécifiques, des véhicules avec carburant alternatif, des systèmes d'information en temps réel, tout est fait pour mieux desservir notre clientèle qui est de plus en plus exigeante. Au cours des années, on a développé des services dans d'autres créneaux comme la gestion des stocks et la préparation de commandes, le réemballage de produits ou la préparation de présentoirs magasins. On gère aussi les pièces pour les gros fabricants industriels et on les livre à temps sur leur ligne d'assemblage. On essaie d'offrir un guichet unique pour nos clients.

L'impact environnemental étant un sujet d'actualité dans la majorité des entreprises, quelle est la stratégie de Groupe Robert en ce qui a trait à son empreinte écologique ?

On est reconnus comme un pionnier dans notre industrie, et ça ne date pas d'hier. On a débuté il y a presque 20 ans avec des véhicules plus aérodynamiques. On a été les premiers au Canada à utiliser du gaz naturel liquéfié comme carburant. On a aussi des pneus à bande large et des jupes pour les remorques pour augmenter l'aérodynamisme, des panneaux solaires sur nos camions qui servent à la climatisation ou au chauffage lorsque nos chauffeurs dorment. Sur une base annuelle, on effectue des tests en circuit fermé avec d'autres transporteurs et une firme d'ingénierie indépendante pour tester toutes les nouvelles technologies qui nous sont offertes et trouver ce qu'on pourrait faire de mieux pour réduire notre empreinte écologique.

Groupe Robert est une entreprise familiale en affaires depuis 1946. Comment préparez-vous les membres de votre famille à prendre la relève  ?

La relève familiale est importante pour garder nos entreprises au Québec. Mon grand-père a fondé Groupe Robert en 1946, mon père l'a véritablement bâti de ses propres mains du début des années 70 jusqu'à tout récemment et depuis trois ans, je gère l'entreprise avec mes deux soeurs. La prochaine génération est encore jeune. Ça va de 7 à 19 ans. On essaie de les impliquer tranquillement. Il faut comprendre les intérêts de chacun et les diriger vers ce qu'ils aiment.

La relève doit aussi être faite pour tous nos postes stratégiques dans l'organisation. On sait que d'ici trois à cinq ans, plusieurs baby-boomers prendront leur retraite et c'est une de nos préoccupations. On essaie de développer des plans de carrière pour les plus jeunes, et il y a de plus en plus de formation à l'interne.

Les infrastructures routières du Québec évoluent. Comment gérez-vous la complexité créée par cette réalité tout en continuant de fonctionner efficacement  ?

La congestion routière est un casse-tête important pour nous et pour toute l'industrie du camionnage. On subit les décisions des instances gouvernementales et on doit revoir régulièrement nos planifications de routes. On déplace, par exemple, nos remorques de nuit ou on revoit certaines heures de départ. On a aussi des dépôts sur l'île de Montréal où on arrête les remorques plutôt que les amener sur notre site de Boucherville. Nos clients peuvent également nous aider en proposant des livraisons en dehors des heures de pointe. Malgré ces initiatives, c'est sûr que nos coûts d'opération sont à la hausse et on se doit de le faire refléter éventuellement dans la tarification à nos clients.

Un point qui est souvent oublié, mais qui est super important, c'est la main-d'oeuvre. Nos chauffeurs travaillent au quotidien dans le trafic et ils vivent ça de manière exemplaire. Chapeau à nos hommes et nos femmes qui exercent un métier difficile, souvent pas reconnu, mais bien utile pour tout ce que nous consommons au quotidien.

Avec plus de 3300 employés, quelle est votre stratégie pour recruter du personnel qualifié  ?

Le meilleur recrutement, c'est la rétention du personnel. On a travaillé au cours des trois ou quatre dernières années à comprendre pourquoi des gens nous quittaient et trouver des pistes de solution. On a maintenant un des plus faibles taux de rotation de chauffeurs dans l'industrie du camionnage en Amérique du Nord. On est très fiers de ça.

On met beaucoup d'importance pour embaucher des personnes qui partagent nos valeurs. La sécurité, la qualité, l'intégrité et le respect sont non négociables chez nous, et on s'assure de les faire vivre au quotidien. On a développé un partenariat avec le Centre de formation en transport routier de Saint-Jérôme, qui utilise nos locaux et nos installations pour former la relève de demain. Nos centres de distribution ont connu une croissance très importante au cours des dernières années, et il a fallu changer complètement nos méthodes. Dans plusieurs cas, on part avec des gens qui n'ont pas d'expérience et on les forme sur le terrain.

La semaine prochaine, Patrick Gilloux, président de Keolis Canada, répond aux questions de Michel Robert.

LE PARCOURS DE MICHEL ROBERT EN BREF

ÂGE : 46 ans

ÉTUDES : Michel Robert est titulaire d'un certificat en finance et comptabilité de HEC Montréal.

EN POSTE DEPUIS : décembre 2015

NOMBRE D'EMPLOYÉS : 3300

AVANT D'ÊTRE PDG : Il s'est joint à l'entreprise familiale en 1991. Il a occupé plusieurs postes et touché à tous les départements pour bien comprendre les rouages de l'entreprise. Il était vice-président exécutif lorsqu'il a pris la relève de son père.