La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Pascal Houle, chef de la direction du Groupe BMR, répond aujourd'hui aux questions d'Alain Bellemare, président et chef de la direction de Bombardier.

Avec l'arrivée de nouveaux concurrents, comme Lowe's, sur le marché québécois, comment le Groupe BMR continue-t-il de se différencier de ceux-ci ?

On n'a pas fait de changements à la suite de l'arrivée de Lowe's. On a toujours poursuivi notre présence régionale. On a au-dessus de 300 points de vente au Québec, on est présents dans l'ensemble des régions. La proximité que nos marchands ont avec les consommateurs, c'est ce qui nous démarque. La qualité du service de BMR est due à cette proximité. Notre modèle d'affaires est basé sur des marchands-propriétaires à plus de 90 %, des marchands qui exploitent leur magasin dans leur localité, qui sont impliqués dans leur communauté. C'est ce qui nous différencie et ce qui continuera de nous différencier par rapport à nos compétiteurs.

Quelles sont les tendances que vous suivez le plus et qui, selon vous, auront le plus grand impact sur le marché de la rénovation résidentielle au Québec ?

On suit plusieurs indicateurs économiques, que l'on parle de taux de chômage ou autres, mais on regarde surtout les mises en chantier résidentielles au Québec, où on est le plus impliqués. Une des grandes tendances que l'on observe ces dernières années, c'est qu'il y a une bonne croissance, mais surtout dans la densification des tours à condos, et beaucoup moins de constructions unifamiliales. Historiquement, BMR a principalement connu de la croissance dans la rénovation et la construction unifamiliale. On devra adapter notre modèle d'affaires pour offrir les produits et les services de cette clientèle-là, du moins dans la région de Montréal.

Il y a un intérêt grandissant de la population pour le recyclage et la réduction de notre empreinte environnementale. Quel sera l'effet de cet intérêt sur vos affaires et pour les maisons du futur ?

On n'a pas le choix de se conformer à la législation, mais on veut en faire plus aussi. On sait que le citoyen, le consommateur, est très sensible à ce que l'on peut faire pour l'environnement. On a de plus en plus de magasins écoresponsables. On fait partie de la chaîne de recyclage de plusieurs produits vendus en magasin pour diminuer notre empreinte environnementale, que l'on parle de piles, d'ampoules ou de peinture. On a aussi du bois FSC. Ça fait partie de nos valeurs de vendre des produits écoresponsables.

De plus en plus, les gens utilisent la technologie (comme la géomatique) pour tout ce qui touche à la chaleur et à la ventilation de leur maison. On adaptera notre offre de produits à cette réalité.

Continuer d'investir dans l'innovation est essentiel pour l'avenir de Bombardier. Comment l'innovation influencera-t-elle vos affaires dans les années à venir ?

Pour nous, l'innovation passe par l'expérience client. Cette innovation a deux volets. On veut s'assurer qu'avec la technologie, on offre une expérience personnalisée selon les besoins du client. On aura toujours des gens pour répondre aux consommateurs, mais on veut aussi avoir la technologie à laquelle le client s'intéresse, tant en magasin que sur le web. On le sait, les gens magasinent de plus en plus sur le web, consultent le web pour leurs projets de rénovation et de construction. On devrait être présents dans l'ensemble des technologies. On investit plusieurs millions cette année pour s'assurer de suivre la tendance au niveau du web et on fait des tests pour développer des magasins technologiques. À Beloeil, par exemple, on teste quelques nouveautés, comme un haut-parleur qui détecte la présence de quelqu'un devant un produit et qui donne des informations supplémentaires sur le produit, des promotions exclusives personnalisées qui sont acheminées au client via son téléphone intelligent, selon l'endroit où il se trouve en magasin, et on reconnaît aussi le client avec son historique d'achat.

Vous travaillez dans le réseau de La Coop fédérée depuis plus de 15 ans. Quels sont les changements que vous y avez observés durant cette période et comment celle-ci sera-t-elle appelée à changer dans le futur ?

Le plus grand changement que j'ai observé, c'est la consolidation du réseau. Les coopératives se sont regroupées. Il y a moins de coops en nombre et ce n'est pas négatif. Elles se sont plutôt regroupées pour être plus grandes et plus fortes. J'ai vu la naissance d'une très grande entreprise au Québec dans les 15 dernières années. Selon moi, cette tendance de consolidation se poursuivra dans le futur. On aura un réseau de plus en plus fort, mais pas seulement au Québec, partout au Canada et même à travers le monde. La Coop fédérée aura trois grands secteurs : le secteur agricole, le secteur des viandes avec Olymel et la construction avec BMR.

Le parcours de Pascal Houle en bref

Âge : 42 ans

Études : Pascal Houle est titulaire d'un baccalauréat en administration des affaires de l'Université Laval. Il est également comptable en management accrédité.

En poste depuis : mars 2015

Nombre d'employés : 8000

Avant d'être chef de la direction : Il a commencé sa carrière en 1998 comme directeur, quincaillerie, à La Coop des Appalaches. Il a ensuite été notamment directeur général de La Coop des Bois-Francs, avant de se joindre au Groupe BMR à titre de vice-président, détail, en 2013.