La Presse Affaires donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite.

Éric Bédard, associé directeur de Fasken Martineau pour la région du Québec, répond aujourd'hui aux questions de Nathalie Pilon, présidente-directrice générale d'ABB Canada.

Comment percevez-vous votre rôle au sein de Fasken Martineau au Québec et à l'échelle nationale ? Qu'aimeriez-vous atteindre comme objectif pour l'organisation ?

Mon rôle est le même au Québec et au Canada : identifier les tendances et les secteurs d'affaires où s'engager, encourager un environnement où les professionnels peuvent livrer un service excellent, innovateur et adapté aux besoins du client, assurer la qualité et la pertinence de nos services directement auprès des clients au moyen d'enquêtes de satisfaction, de même que développer une équipe de professionnels motivés et engagés pour l'entreprise. Notre objectif est de continuer à faire de Fasken Martineau un cabinet où l'excellence côtoie l'innovation.

Quels sont les secteurs d'activité émergents pour votre cabinet et comment vous assurez-vous d'avoir les ressources pour y répondre (par exemple, embauche de spécialistes qui ne sont pas des avocats ou développement à l'interne) ?

Peu importe les secteurs dans lesquels on agit, il faut innover. L'innovation prend toutes sortes de formes. Parfois, ce sont de nouvelles technologies ou l'influence des médias sociaux sur les questions légales. L'internet rend accessibles toutes sortes d'opinions de gens qui ne sont pas juristes, mais qui sont consultés sur des questions qui nous concernent. Il faut toujours se maintenir à jour.

Les marchés plus nouveaux sont souvent liés à la propriété intellectuelle. Ça implique à la fois des professionnels spécialisés dans ce domaine et des gens de fusions et acquisitions, de litige ou de droit du travail. Dans la nouvelle économie, on est aussi confrontés à des modèles d'entreprise dont la croissance est ultra rapide, particulièrement dans le domaine technologique. Il faut s'adapter à ça, uniformiser nos pratiques, utiliser des processus qui sont plus automatisés, amener le client à s'impliquer plus vite et de façon plus constante dans les enjeux juridiques. Il faut aussi que les équipes soient multidisciplinaires dès le début pour regarder le problème de tous les angles.

Quelles stratégies Fasken Martineau met-il en place pour aider ses clients à relever les défis d'une économie mondiale ?

Les défis mondiaux, ça se vit dans les deux sens. Il y a des gens d'ici qui décident de compétitionner sur d'autres marchés et des gens d'ailleurs qui viennent s'installer ici. Plusieurs professionnels accompagnent nos clients de façon constante lorsqu'ils décident d'aller à l'étranger, pour s'assurer que peu importe où ils vont, on transfère la culture de l'entreprise et on coordonne la transaction avec les équipes locales. D'autre part, on a tout un réseau de cabinets avec lesquels on travaille à l'international dans les juridictions où l'on n'est pas. Ils connaissent nos façons de travailler, et on connaît les leurs. Pour les investisseurs qui viennent ici, le fait qu'on soit multidisciplinaire est très utile parce qu'on peut régler la totalité des problèmes, de l'immigration jusqu'à la transaction d'affaires.

Quelles sont les compétences les plus recherchées chez vos nouvelles recrues ? Quelles sont les expériences qui aident les aspirants à la profession à se démarquer ?

Il n'y a pas de candidat type pour nous. On recherche des profils diversifiés. On mise sur l'esprit entrepreneurial, des gens qui sont en mode solution, qui réfléchissent pour résoudre des enjeux, qui sont authentiques, qui n'ont pas peur de contribuer à la discussion. On cherche l'excellence dans une certaine convivialité ! On doit travailler très fort, alors gardons ça agréable.

Comment sont perçus les conseillers juridiques québécois sur l'échiquier mondial ? Que faut-il faire pour demeurer pertinent face aux nouvelles offres de services (émergentes et virtuelles) ?

Je ne vois pas de raison de penser que les avocats québécois ne sont pas bien perçus à l'international. On est souvent vus comme des avocats très polyvalents, ayant à la fois le système civil et le système public de common law. La réputation des Québécois en général, qui sont d'affaires et cherchent des solutions, accompagne celle de leurs avocats. Pour rester pertinent, on doit toujours se mettre dans les souliers du client. Il faut bien écouter pour bien comprendre ce que le client veut. On doit aussi suivre avec beaucoup d'intérêt les innovations technologiques et les adapter. On observe, par exemple, les expériences d'intelligence artificielle qui se font ailleurs. Le droit est un carrefour entre le rassemblement d'informations, la connaissance du client et le jugement.

Le parcours d'Éric Bédard en bref

Âge : 50 ans

Études : Éric Bédard est titulaire d'un baccalauréat en droit de l'Université d'Ottawa et d'une maîtrise en droit de l'Université d'Exeter.

En poste depuis : février 2012

Nombre d'employés : 1638, dont 502 au Québec

Avant d'être associé principal : Il a été adjoint au directeur du cabinet du premier ministre du Québec de 1994 à 1996. Il est associé chez Fasken Martineau depuis 1989 et membre du conseil d'administration depuis 2007.