La Presse Affaires donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Mario Plourde, président et chef de la direction de Cascades, répond aujourd'hui aux questions de Richard Lord, président et chef de la direction de Quincaillerie Richelieu.

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés pour assurer la transition des frères Lemaire, cofondateurs de l'entreprise ?

Le premier a été de faire un bon éventail des différents secteurs d'activité et de sélectionner les secteurs dans lesquels on voulait rester à long terme, mais aussi de choisir ceux qu'on voulait sortir. Ç'a vraiment été l'élément le plus difficile à faire. On est sortis de plusieurs petits marchés en décroissance et on se concentre dans les secteurs des cartons-caisses, des papiers tissu et de l'emballage dans lesquels on est de plus grande taille et plus performants.

Cascades est une entreprise de près de 4 milliards. J'étais responsable d'un secteur d'activité. Arriver à la tête de tous les secteurs, c'est assimiler les activités de chacun, assimiler toutes les informations. Ça a pris un certain temps. Avant, je ne faisais pas vraiment affaire avec le milieu financier, les analystes ou les conseils d'administration. Ç'a aussi été un petit enjeu.

En tant que PDG, comment se vit la relation avec un président exécutif du C.A. qui connaît l'entreprise à fond et qui est connu et respecté de tous ?

Ça se passe très bien. Alain [Lemaire], ç'a été mon boss avant que je sois président. Il a été mon patron immédiat pendant au moins 15 ans. On se connaissait très bien, il connaissait mon style, il savait comment je gérais. Alain, pour moi, ç'a été une ressource qui me transmettait énormément d'informations. Je pense qu'on fait une très bonne équipe et j'apprécie beaucoup la relation que j'ai avec lui. Ce n'est pas tout le monde qui a la chance d'avoir une transition comme celle-là. Bien souvent, la passation de pouvoir se fait de façon plus rapide. Moi, j'ai la chance d'avoir un des membres fondateurs qui est près de moi. J'en suis bien content.

Étant donné l'ampleur de l'entreprise, comment faites-vous pour conserver et perpétuer la culture de celle-ci ?

On continue à faire ce qu'on a toujours fait. On fait des journées d'intégration quand on a de nouveaux cadres. On poursuit notre façon de communiquer avec les employés, avec des rencontres formelles et informelles, notre politique de porte ouverte. On n'aime pas se cacher derrière une porte. On veut que les superviseurs soient accessibles, qu'ils soient sur le plancher, que nos employés soient près d'eux. Comme entreprise, on garde les engagements qu'on avait au début. On est une compagnie qui est née du développement durable et on maintient le cap. On est des gens engagés socialement. On soutient les hôpitaux, les écoles, les athlètes... On n'a pas changé la formule de Cascades, parce que c'est une bonne formule qui nous a bien servis pendant 50 ans.

Quelle place occupe l'innovation dans l'entreprise, autant pour les produits que pour les procédés ?

On est dans un secteur de produits de commodité. Donc, ça occupe une très grande place. En 2015, 12,5 % de nos ventes venaient des fruits de l'innovation. C'est quand même assez important. On vise d'ici 2020 à ce que ce chiffre passe à 20 %. On a un centre de recherche où 45 personnes se consacrent à l'innovation, à soutenir les usines. Chaque secteur d'activité a son équipe aussi. C'est important pour nous de toujours avoir de nouvelles idées à développer pour assurer le renouveau de nos gammes de produits. C'est très bon aussi comme élément de motivation et ça resserre les liens avec la clientèle. Les clients apprécient énormément nos nouveaux produits, on est innovateurs.

Même chose pour les procédés. À la vitesse où avance la technologie, on n'a pas le choix de se maintenir très au fait de ce qui se passe. Quand on achète de l'équipement, on essaie d'aller vers les plus performants et les moins dommageables pour l'environnement. On reste à l'affût.

Quels sont les éléments importants à considérer selon vous pour la mise en place d'un plan de développement durable et en assurer la pérennité ?

Il faut se fixer des objectifs ambitieux, consulter nos parties prenantes (employés, fournisseurs, clients) et faire participer tout le monde pour réaliser les objectifs. On va un peu plus loin, en consultant aussi des ONG en environnement pour faire valider nos choix. On consomme déjà 62 % moins d'énergie que la moyenne de notre industrie. On veut réduire cette consommation de 1 % chaque année. Pour la revalorisation de nos rebuts en usine, on est à 72 %. On veut l'amener à 80 %. On a un plan qui vient d'être renouvelé pour les cinq prochaines années et qui touche les différents aspects du développement durable.

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À lire la semaine prochaine: David Bensadoun, président d'ALDO Amérique du Nord et d'ALDO produits et services, répond aux questions de Mario Plourde.

Le parcours de Mario Plourde en bref

Âge : 54 ans

Études : Mario Plourde est titulaire d'un baccalauréat en administration des affaires, concentration finance.

Président depuis : mai 2013

Nombre d'employés : 11 000, dont environ 4500 au Québec

Avant d'être à la tête de Cascades : Après son diplôme, Mario Plourde a été embauché chez Cascades à titre de contrôleur. Il a grimpé les échelons et a occupé des postes tels que directeur d'usine ou vice-président et chef de l'exploitation de Cascades Groupe Produits Spécialisés.