La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite.

L'associé directeur pour le Québec chez Deloitte, Marc Perron, répond aujourd'hui aux questions de Fabrice Brunet, directeur général du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et du CHU Sainte-Justine.

En tant que nouvel associé directeur-Québec, chez Deloitte, quelles sont selon vous les perspectives de développement pour les entreprises de services-conseils au Québec ?

Les perspectives sont excellentes, on voit une forte croissance des services-conseils. Pour nous, la clé est vraiment l'acquisition de talents, autant par rapport à l'embauche, à l'acquisition de pratiques, qu'à la formation d'alliances avec d'autres acteurs du marché. On veut répondre à des besoins de plus en plus pointus sur une variété de sujets. Dénicher des ressources spécialisées est un enjeu important pour nous et on travaille là-dessus. On est là pour aider nos clients avec leurs enjeux les plus complexes. On doit avoir une équipe multidisciplinaire qui répond aux questions de stratégie, de capital humain, de fusions et d'acquisitions, etc.

Les services de pointe sont un autre élément où il y a beaucoup de croissance. On doit aider nos clients à innover. On répond aussi à la question de cybersécurité, notamment avec notre laboratoire à Montréal, et à celle des infrastructures. On compte maintenant des ingénieurs, des psychologues, des mathématiciens, des économistes ou des avocats en litige. L'importance de l'équipe diversifiée est la clé.

Quelle est ou pourrait être la contribution d'une firme comme la vôtre pour le secteur de la santé au Québec ?

Les dépenses en soins de santé représentent 30 % du budget du Québec. On sait tous qu'on a affaire à un vieillissement de la population et à une explosion des coûts. Non seulement on a la responsabilité d'apporter une contribution, on doit aussi proposer des solutions et aider à les implanter. On a de nombreux mandats ailleurs au Canada, partout dans le monde aussi, dont plusieurs aux États-Unis. On commence à faire des mandats plus pointus au Québec. On est ainsi capable de comparer ce qui se fait ailleurs. C'est un avantage. Plusieurs mandats que nous faisons sont pour des entreprises privées, on peut aussi les appliquer dans le système de santé. C'est le cas des contrats d'efficacité opérationnelle, de chaîne d'approvisionnement, d'indicateurs de performance ou de systèmes d'information.

Quelles sont ou seraient les nouvelles innovations que votre firme aurait à offrir à la population pour de meilleurs soins ?

On a publié un document sur l'approche LEAN adaptée pour le secteur de la santé. Ce n'est pas juste une question de sauver des coûts, c'est une approche holistique qui touche autant la diminution du temps d'attente, la satisfaction du personnel et des patients, l'efficacité accrue dans la manière de rendre les soins que la sécurité des patients.

On travaille de plus en plus avec des entreprises en démarrage en santé. On les aide à développer leur plan d'affaires et on les met en contact avec les acteurs du secteur.

Quels sont les plus grands défis auxquels font face nos entreprises québécoises, tous secteurs confondus, pour demeurer compétitives ?

On a un écart de productivité important, spécialement avec les États-Unis. Pour combler cet écart, on doit être innovateurs. On doit l'être aussi pour faire face à certains des plus grands défis à l'échelle planétaire, comme la pauvreté ou les changements climatiques, et pour faire face aux perturbations technologiques qui s'en viennent.

On a fait une étude au Canada où on a sondé 700 entreprises en les confrontant à cinq technologies (l'intelligence artificielle, la robotique, la réalité virtuelle et augmentée, l'impression 3D et l'internet des objets) qui sont en développement exponentiel et qui perturbent la façon dont les choses sont faites. Seulement 13 % des entreprises sondées étaient vraiment prêtes à y faire face ; 42 % n'étaient pas là du tout, elles ne s'étaient même pas demandé l'impact que les technologies auraient. Il faut se réveiller.

Lors de votre nomination, on indiquait dans les communiqués que vous seriez à la barre d'un important virage immobilier et technologique ! Parlez-nous du virage technologique que vous envisagez pour Deloitte.

Le virage immobilier est fait, on a emménagé en juillet dans la tour Deloitte à Montréal. On a essayé de réinventer la façon de travailler. On a investi grandement en technologie pour le faire.

Chaque salle a des tableaux intelligents, des bases de données interactives. On a aussi inauguré un espace qu'on appelle la « greenhouse ». C'est un environnement immersif où on amène nos clients à repenser leurs façons de faire et leur modèle d'affaires, et à innover. La science du comportement et les nouveaux services de pointe sont mis à contribution. La demande est assez extraordinaire. Notre centre de cyberintelligence permet également de faire une vigie pour nos clients, de voir s'ils sont attaqués et de les aider si c'est le cas.

LE PARCOURS DE MARC PERRON EN BREF

Âge : 42 ans

Études : Marc Perron a étudié en comptabilité à l'Université de Sherbrooke. Il est comptable professionnel agréé.

Associé directeur depuis : 1er juin 2015

Nombre d'employés : 2200

Avant d'être à la tête de Deloitte au Québec : Il a notamment été chef de cabinet au Bureau de l'associé directeur général et chef de la direction de Deloitte Canada.