La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque vendredi, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Claude Paquin, président de Services financiers Groupe Investors, Québec, répond aujourd'hui aux questions de Luc Tremblay, directeur général de la Société de transport de Montréal (STM).

Q La volatilité accrue sur les marchés boursiers fait peur aux investisseurs. Comment vous y adaptez-vous?

R Les vraies craintes sont celles qu'on ne connaît pas. Devant la volatilité des marchés, on favorise l'éducation des clients et le partage des connaissances. Je dis souvent que les meilleurs coups sont les erreurs qu'on évite dans le placement. L'antidote, c'est une planification à long terme du placement, avec une réflexion en profondeur, qui évolue.

Le risque d'un portefeuille est généralement associé avec les actions. Dans l'environnement actuel, où les taux d'intérêt sont historiquement bas, le plus grand risque se retrouve cependant dans la catégorie des obligations. Compte tenu de la relation inverse entre les bas taux d'intérêt et le prix des obligations, même une hausse légère des taux d'intérêt pourrait avoir une incidence négative sur un portefeuille.

L'autre casse-tête, qui demeure aussi une crainte, c'est au moment du décaissement une fois à la retraite. Les revenus sur lesdépôts à terme et les obligations ne sont plus suffisants. Notre solution, ce sont les portefeuilles Maestro, avec des actions à faible volatilité, pour répondre aux gens qui veulent générer des revenus supérieurs sans trop prendre de risque.

Q Pour conserver sa clientèle et en attirer une nouvelle, la STM doit repenser sa façon de faire des transports collectifs et prépare en ce sens sa vision des 10 prochaines années. Comment entrevoyez-vous l'avenir en gestion d'investissements?

R La question à 100 000$! Il faut prendre du recul et mettre le volet investissement au centre d'un processus global, qui intègre tousles autres éléments d'un plan financier personnel. Le volet fiscal est souvent négligé. L'utilisation judicieuse de la fiscalité et des programmes gouvernementaux est pourtant la seule façon d'avoir des revenus garantis. La gestion du risque, la protection en cas d'invalidité, par exemple, est aussi essentielle.

L'espérance de vie augmente, les revenus de retraite sont également plus difficiles à gérer. Il faut en outre avoir un coussin financier en cas d'imprévu, et prévoir la succession. Comme praticien, je pense qu'il faut faire cet exercice en profondeur et couvrir toutes lesfacettes.

Q Le Groupe Investors est généralement reconnu pour son engagement dans la communauté. Est-il important pour vous de mener vos activités de manière économiquement, socialement et écologiquement responsable et, ainsi, d'adopter une approche de responsabilité sociale d'entreprise (RSE)?

R Ça fait 30 ans que je suis dans le Groupe Investors et ça fait vraiment partie de notre ADN. Notre société mère a publié l'an dernier le premier rapport de responsabilité d'entreprise, qui explique comment nous gérons l'impact environnemental, social et de gouvernance dans toutes nos activités.

On a franchi des étapes importantes qui confirment notre responsabilité d'entreprise. Nous sommes signataires des Principes pour l'investissement responsable, qui sont le fruit d'investisseurs d'un peu partout dans le monde qui se sont donné comme mission de développer un système financier viable.

On sait qu'après la crise financière de 2008-2009, la confiance de la population a été ébranlée. On utilise aussi davantage lesénergies renouvelables depuis les deux ou trois dernières années, tant à notre siège social de Winnipeg qu'ici, à Montréal.

Q En tant que président Québec du Groupe Investors, sur quoi vous appuyez-vous pour renforcer la réputation de l'entreprise?

R Dans notre domaine, la compétition est extraordinairement forte, alors on est conscients que c'est difficile de différencier les offres pour les consommateurs. On a décidé, dans le contexte du vieillissement de la population et du fait que la vie des gens se complexifie, de développer une expertise non seulement de planification financière, mais aussi de planification fiscale. Cette expertise nous démarque du peloton.

Notre plateforme a trois axes: le savoir, le soutien et le marketing. On vise qu'à moyen terme, 100% de nos conseillers soient planificateurs financiers. On a créé des formations spécialisées en fiscalité, pour tous nos groupes de clients. Nos conseillers sont comme des médecins généralistes, avec un réseau d'experts disponibles pour les appuyer.

On ne veut pas non plus être le secret le mieux gardé de l'industrie. On est en train de déployer une nouvelle plateforme marketing et de gestion de la marque.

Q Comment l'avancement des technologies a-t-il transformé votre secteur d'activité? Est-ce une occasion d'échanger différemment avec le client?

R C'est une occasion majeure. Les réseaux sociaux vont prendre une place très importante. La technologie est un outil extraordinaire pour améliorer la relation avec nos clients et divulguer de l'information ponctuelle sur nos services. L'accès à l'information sur le compte de portefeuilles s'est amélioré, la communication des conseillers avec les clients est facilitée, le contenu est plus disponible et les procédés pour faire des transactions sont plus rapides. On se lance à pieds joints dans les réseaux sociaux pour bonifier la clientèle de nos conseillers. Certains sont déjà très bons pour le faire.

Encadré(s) :

Le parcours de Claude Paquin en bref>Âge: 55 ans

> Études: Claude Paquin a étudié en éducation physique à l'Université de Moncton et en finances à l'Université de Winnipeg. Il est aussi un planificateur financier certifié.

> Président depuis: juin 2011

> Nombre d'employés: 1050 conseillers et plus de 270 employés

> Avant d'être président: il était au service du Groupe Investors depuis 25 ans, notamment comme directeur régional de la Mauricie et comme vice-président principal.