Les voyages forment la jeunesse. Les expériences vécues à l'étranger permettent aussi de développer différentes compétences, de se créer un réseau et de se démarquer de ses collègues. La Presse est allée à la rencontre d'un jeune stagiaire français dans un laboratoire du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CRCHUM) pour l'été grâce au programme Mitacs Globalink, qui permet présentement à 750 étudiants étrangers de vivre des stages dans plus de 40 universités canadiennes.

Samuel Hybois a terminé sa deuxième année d'études pour devenir ingénieur à l'École des mines de Nancy de l'Université de Lorraine, en France. Depuis la mi-juin, il est stagiaire au Laboratoire de biorhéologie et d'ultrasonographie médicale du CRCHUM. Ses travaux tentent de valider une technique pour obtenir l'élasticité et la viscosité de tissus pour caractériser l'état du foie.

«Traditionnellement, on étudie seulement l'élasticité, mais cela ne suffit pas toujours pour détecter efficacement la stéatose hépatique, explique le stagiaire. Ces travaux pourraient permettre d'arriver à diagnostiquer plus précisément la maladie.»

Samuel Hybois, qui devait, à cette étape de son programme universitaire de premier cycle, vivre une expérience de stage, a choisi de tenter sa chance dans ce programme justement parce que ce projet de recherche l'intéressait.

«Tant qu'à aller découvrir la recherche universitaire, aussi bien le faire à l'étranger», s'est-il dit.

Compétences exportables

Sur un curriculum vitae, des expériences vécues à l'étranger disent plusieurs choses à un employeur potentiel.

«Un voyage donne l'occasion de vivre des situations nouvelles non anticipées et non testées parce que les façons de faire à l'étranger sont différentes de celles de la maison», explique Aimy Andraos, conseillère d'orientation et cofondatrice de l'entreprise Salto Conseil, à Montréal.

«Le jeune montre donc, avec ces expériences, qu'il a osé, qu'il est autonome, débrouillard et qu'il a de l'initiative», ajoute-t-elle.

Les compétences professionnelles ne sont pas toujours exportables d'un pays à un autre, mais dans le domaine de Samuel Hybois, elles le sont. Tellement que ses plans pour l'avenir sont en train de changer.

Alors qu'il souhaitait auparavant entreprendre un doctorat en France, depuis qu'il a vu combien la recherche est dynamique à Montréal, il envisage d'y poursuivre ses études.

«Il y a plus de moyens et la valorisation de la recherche est plus grande ici», indique l'étudiant, qui aimerait faire de la recherche appliquée dans sa carrière, probablement en entreprise, question de voir un sens concret à ses efforts en laboratoire.

Dans son stage, il trouve aussi très enrichissant de travailler de près dans le laboratoire avec des spécialistes de différentes disciplines.

«Je peux leur poser des questions, dit-il. Cela m'aide à développer des idées, à m'aiguiller sur des pistes. J'avance beaucoup plus vite que si j'étais seul dans mon coin.»

«C'est un vrai luxe pour un jeune de voir différents professionnels dans son domaine d'études fonctionner dans leur milieu de travail, affirme Aimy Andraos. Plusieurs idées peuvent surgir, il peut s'imaginer ce qu'il pourrait faire plus tard, puis faire du réseautage.»

Réseau international

S'il y a un domaine où le réseau international est important, c'est bien celui de la recherche universitaire.

«La recherche se fait de plus en plus avec des collaborations à l'international», indique Josette-Renée Landry, vice-présidente, développement des affaires, Montréal, pour Mitacs, un organisme sans but lucratif de soutien à l'innovation industrielle et sociale au Canada qui propose également des programmes de stages à l'étranger pour les étudiants québécois.

Avec Globalink, les jeunes visitent aussi des entreprises et rencontrent des dirigeants. Les 750 stagiaires cette année proviennent de l'Inde, du Mexique, de la Turquie, du Viêtnam, de la Chine, de l'Arabie saoudite, du Brésil et de la France.

«Nous allons chercher les meilleurs étudiants dans différents pays, indique Josette-Renée Landry. Ces jeunes sont brillants et il y a de bonnes chances que plusieurs d'entre eux fassent de la recherche plus tard dans différents domaines et déjà, ils auront tissé des liens. Une fois que les contacts sont créés, c'est facile de les entretenir aujourd'hui.»

«Ce sont les collaborations internationales qui font la renommée des laboratoires aujourd'hui, affirme Samuel Hybois, qui entreprendra dès septembre sa dernière année d'études pour devenir ingénieur à l'École nationale supérieure d'arts et métiers, à Paris. Il faut collaborer pour avancer plus rapidement.»