La saison des barbecues bat son plein et les gestionnaires ou chefs d'entreprise en profitent parfois pour inviter leurs employés à un party dans leur propre jardin. Si ce geste est souvent apprécié et raffermit les liens entre un patron et son équipe, il faut veiller à éviter les débordements.

Diane Ippersiel, PDG d'Une affaire d'anglais, une école linguistique pour gens d'affaires qu'elle a créée il y a 22 ans à Québec, a l'habitude de recevoir ses employés et leur famille - parfois une quarantaine de personnes - une ou deux fois par an chez elle pour quelques heures autour d'un bon repas et de quelques animations.

Ses enseignants anglophones sont souvent des expatriés du monde entier. De se retrouver dans un lieu aussi « intime » que la maison de la patronne « resserre les liens », affirme Diane Ippersiel, qui reçoit plus de remerciements chaleureux les lendemains de fêtes passées chez elle que quand elle les organise ailleurs.

La pratique est fréquente dans les petites entreprises. Elle présente de nombreux avantages. À une condition : « La règle d'or, souligne Louise Barrette, coach en ressources humaines et présidente de Louise Barrette service-conseil, c'est que le lien entre l'employeur et son équipe soit déjà bon. Sinon, ça risque d'être perçu négativement par le personnel » et ça a peu de chances, de toute façon, d'améliorer les relations.

Resserrer les liens 

Quand l'employeur s'entend bien avec ses employés, l'invitation vient souvent du coeur même si elle vise toujours à consolider l'équipe. Et ça marche, car « ça dénote un lien de confiance vis-à-vis des employés de les inviter dans son intimité et ça permet de mieux se connaître », reconnaît Louise Barrette, persuadée que, bien au-delà de la rémunération, « le respect, la reconnaissance et la confiance » accroissent beaucoup la motivation des équipes. 

La coach elle-même reçoit ses employés régulièrement chez elle pour un repas après une réunion de travail, un geste « qui facilite la communication, ce qui est souvent un enjeu de taille dans les entreprises, qui donne un fort sentiment d'appartenance et contribue assurément à la fidélité des employés », explique-t-elle.

Les invités de Diane Ippersiel apprécient l'invitation et se sont toujours bien comportés. « Il n'y a jamais eu d'incident, je n'ai jamais eu de vol ou de bris », affirme la PDG. Il faut dire qu'elle encadre bien les moments partagés. « J'organise le transport, j'indique le temps que durera la fête, j'offre l'alcool pour accompagner le repas, mais j'arrête après le dessert. De plus, je prévois toujours plusieurs activités comme des jeux ou des danses pour occuper mes invités », explique Diane Ippersiel. C'est sûrement la clé du succès.

Attention aux effets de l'alcool 

Les risques de débordement existent bel et bien. C'est pour cette raison que les professionnels recommandent peu cette pratique, bien qu'ils en reconnaissent les bienfaits lorsque tout se passe bien. 

« Les invités risquent de juger le train de vie de l'employeur qui montre éventuellement le luxe dans lequel il vit, alors qu'il a peut-être dû refuser des augmentations de salaire à cause d'une période financièrement plus difficile pour l'entreprise quelque temps plus tôt. Ça peut créer de la frustration et, l'alcool aidant, mener à des commentaires déplacés que les employés eux-mêmes pourraient regretter par la suite », met en garde Gaëtan Fontaine, coach de chefs d'entreprise.

Et puis, le lundi matin, il faut retrouver les rapports hiérarchiques. Pas toujours facile. L'employeur pourrait avoir du mal à reprendre son autorité et se sentir mal à l'aise de faire des reproches sur le plan professionnel à un employé qu'il a reçu chez lui et avec qui il a peut-être sympathisé. De la même façon, le personnel pourrait oublier la distance hiérarchique nécessaire et, pour certains, lui adresser la parole de façon familière. 

Un maître mot : encadrement 

Toutefois, « ces moments de pause avec ses employés en dehors du cadre du travail, c'est crucial », martèle Gaëtan Fontaine. S'il ne conseille pas aux chefs d'entreprise qu'il accompagne d'organiser des partys chez eux, il est convaincu qu'une activité sur le temps de travail à l'extérieur du bureau est très positive.

Néanmoins, dans ces moments-là, qu'importe où l'activité a lieu, l'encadrement reste de mise. « Il est impératif d'encadrer la journée en organisant des activités plutôt que de laisser les gens discuter sans fil, insiste M. Fontaine. Ça tendra les invités vers le même objectif plutôt que de laisser la place à d'éventuels conflits ou règlements de comptes entre collègues qu'il sera difficile d'éteindre une fois de retour au bureau. »

Diane Ippersiel convie également son équipe de direction chez elle pour réfléchir à la planification stratégique. Chaque convive apporte alors un plat pour le repas. Ce sont des moments studieux, mais dans une ambiance moins formelle qu'au bureau. Des moments de rapprochement qui teintent les relations de travail tout au long de l'année.