La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Pierre Lapointe, président et chef de la direction d'ArcelorMittal Exploitation minière Canada, répond aujourd'hui aux questions de Gérard Bibeau, président et chef de la direction de Loto-Québec.

Q

Comment relevez-vous votre défi en matière de ressources humaines dans un contexte de rareté de la main-d'oeuvre et d'éloignement?

R

Pour relever ce défi, on traite deux volets, l'interne et l'externe. À l'interne, on a instauré le concept de fly-in, fly-out, qui permet aux travailleurs de rester 12 jours dans le complexe minier de Fermont (qui peut recevoir 400 employés), puis d'avoir 12 jours de congé. On donne aussi des primes pour l'éloignement, en plus d'avoir mis en place des programmes stimulants pour la rétention des employés et leur engagement.

À l'externe, on veut développer plus rapidement les infrastructures de Fermont pour y attirer plus de familles. On est présentement en pourparlers avec les gouvernements afin que ça se réalise dans les prochaines années.

Q

La sécurité de vos travailleurs est sans doute l'une de vos préoccupations majeures. De quelle façon agissez-vous pour qu'elle soit assurée en tout temps?

R

La sécurité est au coeur de notre quotidien. Je dois avouer que nous avons énormément progressé sur ce point depuis trois ans. La santé et la sécurité au travail est un sujet de discussion constant entre les employés et les gestionnaires. Notre programme Leadership courageux permet d'outiller les travailleurs pour qu'ils reconnaissent les risques et se protègent. La deuxième étape consistera à développer les bonnes habitudes en matière de sécurité.

Q

Quels sont le rôle et l'importance des technologies dans votre secteur d'activité?

R

Les technologies ont un rôle assez important. Pour vous donner une idée, à la mine, on déplace quotidiennement 400 000 tonnes de matériel et il y a environ 40 camions en opération chaque jour. Pour coordonner toutes les opérations, on a recours à des systèmes experts qui font la répartition. Un gain de quelques minutes nous permet de rapporter des millions. Nous utilisons aussi la technologie pour nous assurer que nous faisons les bons choix au chemin de fer, pour surveiller nos activités, et on l'utilisera bientôt pour la santé et la sécurité au travail. Bref, la technologie est présente dans toutes nos activités.

Q

Quelle est votre approche en matière de développement durable et d'environnement?

R

On accole encore une certaine étiquette à l'industrie minière.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, le développement durable est au coeur de nos préoccupations. Un comité fait une veille stratégique des nouvelles améliorations. Nous dépensons de 15 à 20 millions par an pour le respect des normes et le maintien des procédures. Actuellement, un projet-pilote utilise les huiles pour alimenter notre usine. On pousse aussi pour utiliser le gaz naturel sur la Côte-Nord. La conversion de l'usine de bouletage au gaz naturel nous permettrait de diminuer de 25% nos émissions de gaz à effet de serre.

Q

Dans un contexte de volatilité du prix des minéraux, quels seront vos principaux défis au cours des prochaines années?

R

Il y en a plusieurs! Le prix du fer a chuté de plus de 70% dans les huit derniers mois. Il faut donc augmenter la production pour réduire les coûts et améliorer la performance. En 2015, on doit réduire nos coûts de 240 millions; 15 initiatives sont en cours pour y arriver.

J'ai aussi rencontré plus de 2000 employés pour leur expliquer les développements des derniers mois et leur exposer notre plan de match.

On a besoin de nos travailleurs, on doit les mobiliser.

À lire la semaine prochaine: Madeleine Careau, chef de la direction de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), répond aux cinq questions de Pierre Lapointe.

Le parcours de Pierre Lapointe en bref

Âge: 49 ans

Études: Pierre Lapointe est titulaire d'un baccalauréat en génie mécanique et d'une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l'Université de Sherbrooke.

PDG depuis: 1er mars 2015

Nombre d'employés: plus de 2500 dans le secteur minier

Avant d'être président: Il a travaillé pour Alcoa, où il a notamment été directeur général de l'aluminerie de Deschambault et président de l'aluminerie de Bécancour. Il s'est joint à ArcelorMittal en 2012 à titre de directeur général, Excellence opérationnelle. Il a ensuite été vice-président et chef de la technologie.