La Presse donne la parole aux grands dirigeants du Québec. Chaque semaine, un patron répond à cinq questions posées par le chef d'entreprise interviewé la semaine précédente. Et ainsi de suite. Gérard Bibeau, président et chef de la direction de Loto-Québec, répond aujourd'hui aux questions de Jocelyne Dallaire-Légaré, présidente d'Alfred Dallaire Memoria.

Compte tenu de la nature de votre organisme, soit une société d'État québécoise, quelle est votre marge de manoeuvre dans la prise de décisions stratégiques ?

Comme société d'État, nos décisions et nos orientations sont dans notre plan stratégique, que nous soumettons au gouvernement du Québec.

Nous voulons améliorer constamment l'efficience de la Société et la positionner dans une offre globale de divertissement. Ce sont les grandes lignes. Au quotidien, nous avons quand même une belle autonomie.

Vous aviez eu en 2007 le projet de développer un casino dans Griffintown (bassin Peel) et celui-ci n'a pas eu de suite. Cela a-t-il engendré des conséquences négatives pour Loto-Québec ? Comment y avez-vous pallié ?

Je suis arrivé à la barre en 2011 et nous avons tourné la page. Je dirais même que nous avons transformé ce refus en opportunité.

Depuis, on a transformé le Casino de Montréal pour en faire une destination de choix. Nous avons un restaurant étoilé, avec le chef français Joël Robuchon. Nous avons aussi une nouvelle salle de spectacles et un cabaret est en construction. La Zone, un endroit où animation, jeu et divertissement se retrouvent, est très animée. Douze mille personnes visitent le Casino chaque jour. La fin de semaine, on compte souvent 20 000 visiteurs par jour. C'est autant que le Centre Bell ! L'achalandage a augmenté de 9 % dans la dernière année.

A-t-on mis un terme à l'acquisition des oeuvres d'art chez Loto-Québec ? Si oui, pourquoi ?

Loto-Québec a commencé à acquérir des oeuvres il y a 35 ans. Aujourd'hui, on a une super collection de plus de 4900 oeuvres. Plutôt que de continuer à en acquérir, on a décidé de mettre en valeur cette collection et de mettre sur pied des expositions en région. Je pense que c'est important que tout le monde ait accès à ces oeuvres d'art.

Ayant connu quelques personnes qui souffraient de problèmes de jeu compulsif, offrez-vous des services d'aide thérapeutique ?

Loto-Québec fait de la prévention une priorité. On est reconnu mondialement pour nos services. On a d'ailleurs le plus bas taux de joueurs compulsifs au Canada. En 2012, on a créé une vice-présidence au jeu responsable, qui s'occupe d'appliquer les meilleures pratiques liées au jeu responsable dans toutes les sphères d'activité de la Société. Au fil des ans, nous avons instauré différentes mesures. Cela dit, on ne fait pas de thérapie. C'est le mandat du ministère de la Santé et des Services sociaux, à qui nous versons 22 millions par an pour qu'il offre des programmes de prévention et des traitements partout au Québec.

Sur le plan personnel, quel défi voudriez-vous relever ?

Je voudrais d'abord bonifier notre offre de divertissement. À Las Vegas, 65 % des revenus proviennent d'ailleurs que du jeu. On a d'ailleurs ouvert une discothèque au Casino du Lac-Leamy et elle est toujours bondée. Je voudrais aussi améliorer notre offre de jeu en ligne. La compétition est féroce, il y a 2000 sites de jeu offerts pour les Québécois. J'aimerais également trouver des produits qui intéressent les jeunes adultes. Ils sont moins intéressés par les billets de Lotto 6/49 que leurs parents, par exemple. Le dernier défi que j'aimerais relever en est tout un ; c'est celui de l'efficience.

En 2014, nos résultats ont été remarquables. Il faut continuer.

À lire la semaine prochaine : Pierre Lapointe, président et chef de la direction d'ArcelorMittal, répond aux cinq questions de Gérard Bibeau.

Le parcours de Gérard Bibeau en bref

• Âge : 55 ans

• Études : Gérard Bibeau est titulaire d'un baccalauréat en droit et d'un baccalauréat en administration de l'Université Laval.

• PDG depuis : 7 novembre 2011

• Nombre d'employés : près de 6000

• Avant d'être président : Il a occupé le poste de secrétaire général et greffier du Conseil exécutif au ministère du Conseil exécutif. Il a auparavant assumé les fonctions de président du conseil d'administration et de chef de la direction de la CSST, après avoir été vice-président aux opérations. Il a également été secrétaire général associé aux emplois supérieurs du ministère du Conseil exécutif.