Le président et chef de la direction de la Société des alcools du Québec (SAQ), Alain Brunet, répond aux questions de la présidente-directrice générale de Montréal International, Dominique Anglade.

Vous avez occupé tour à tour des postes stratégiques au sein de la SAQ et avez gravi tous les échelons en 33 ans. Quels sont vos meilleurs souvenirs? Et quelles ont été les étapes marquantes de votre carrière?

J'ai été un témoin privilégié de l'évolution des goûts des Québécois.

J'ai aussi été témoin de l'évolution de la SAQ, surtout dans les années 2000. On a connu un virage important, l'expérience client va désormais prendre plus de place. Sur le plan personnel, une étape importante a été quand je suis devenu directeur de secteur en 1992.

J'ai commencé comme vendeur à temps partiel, alors accéder à un poste de gestion a été un accomplissement. Même chose quand je suis devenu vice-président.

Au fil du temps, quels sont les principaux changements que vous avez constatés chez le client de la SAQ?

C'est un marché unique. Le consommateur est curieux et informé. Les producteurs de vin le constatent et trouvent que les goûts des Québécois sont ceux qui ont les plus évolués dans les dernières années. Par exemple, 80% de nos ventes sont des vins, alors qu'en Ontario, les spiritueux occupent une grande place. Dans les années 80, on offrait 2000 produits. Aujourd'hui, on en compte 10 000.

Depuis votre entrée en fonction à la tête de la SAQ, vous semblez avoir fait de la distribution des vins québécois l'une de vos priorités. Comment le Québec se démarque-t-il sur le marché des alcools et des spiritueux?

Le Québec se démarque d'abord par sa production de vins. Les vins d'ici sont de qualité, bien que l'industrie soit encore jeune. Le climat et la terre du Québec ont développé une authenticité et une typicité uniques. Nos vins de glace gagnent des prix partout dans le monde. Les cidriculteurs sont également créatifs. Notre marché est axé, comme je le disais plus tôt, sur la découverte. Sur la qualité aussi. Les consommateurs sont passionnés, ils veulent savoir l'histoire du vin qu'ils achètent. Le côté authentique permet à nos producteurs de sortir du lot.

Montréal est la capitale de la recherche et développement (R-D) au Canada. La SAQ consacre elle-même une partie de son budget en R-D pour minimiser l'impact qu'a le verre sur l'environnement et sur les communautés. Quelle(s) solution(s) avez-vous trouvée(s)?

On investit depuis plus de 10 ans en partenariat avec le génie québécois afin de donner une deuxième vie au verre. Avec l'Université de Sherbrooke, nous avons trouvé une solution: ajouter de la poudre de verre dans le ciment, ce qui le rend plus imperméable et plus durable. En collaboration avec l'École de technologie supérieure (ETS), on développe maintenant cette application pour l'asphalte, là encore pour rendre le matériau plus résistant à l'eau et plus durable. Tout le verre pourrait être réutilisé ainsi dans quelques années. On pourrait même éventuellement exporter ce produit.

Comment la SAQ prévoit-elle s'ajuster aux nouvelles tendances du marché?

Le client souhaite que la SAQ réponde à ses attentes partout. On veut donc multiplier les points de contact: en magasin, mais aussi sur le web, sur les réseaux sociaux et par l'entremise de notre application numérique. On veut rendre le contact plus facile et plus intéressant, pour améliorer encore plus notre relation avec les consommateurs.