En 2013, l'entreprise de mode britannique Lyle&Scott a lancé une campagne de recrutement sur Twitter afin de trouver son nouveau PDG. Les candidats sélectionnés devaient ensuite démontrer leurs compétences sur les réseaux sociaux, en se présentant dans une vidéo sur Vine, en créant un tableau Pinterest sur la marque et en soumettant un CV qui n'incluait ni leur formation générale ni leurs expériences professionnelles.

La maîtrise des médias sociaux est intrinsèquement reliée aux professions de relationnistes ou de gestionnaire de communauté, mais elle s'avère tout aussi bénéfique pour les patrons d'entreprises. «On a vu plusieurs marques au coeur de controverses sur les réseaux sociaux», rappelle Didier Dubois, conseiller en ressources humaines agréé et conférencier sur les réseaux sociaux dans un contexte de recrutement.

«La capacité de réagir et de comprendre la philosophie derrière ces outils est un élément clé. Je ne suis pas prêt à dire que les dirigeants doivent tous avoir une vision aussi claire des réseaux sociaux. Toutefois, une entreprise avec une image de marque forte peut bénéficier d'un patron capable de maximiser la présence de l'organisation sur les médias sociaux.»

Ce concept fait écho à la nouvelle réalité du recrutement. «Avant, les recruteurs affichaient une offre d'emploi et attendaient les CV. Aujourd'hui, ils trouvent des candidats qui n'étaient pas nécessairement en recherche d'emploi en scannant le web. Ils analysent leur présence sur LinkedIn, leur participation à des groupes spécialisés ou le partage de leur expertise sur Twitter, par exemple.»

Des outils efficaces

De plus en plus d'outils aident les recruteurs dans ce mode de recherche. La plateforme Gild, spécialisée en technologie de l'information, est un moteur qui survole 80 réseaux sociaux en permanence, afin d'amasser un maximum de données sur chaque individu. Elle leur crée alors une fiche professionnelle, sans qu'ils le sachent.

«Par exemple, si un programmeur dépose un codage dont il est fier sur un site de partage de codes, la Gild va ramasser ce code, l'inscrire à sa fiche et présenter l'évaluation de ses pairs. Un recruteur qui voudrait valider une candidature aurait alors toutes les informations en main.»

Récemment, les entreprises HRM, Syntel et Little Big Job ont lancé SIRN, un outil de recrutement numérique qui puise dans les profils d'individus de différentes entreprises afin de déterminer les caractéristiques des employés performants. Lorsqu'un élément est relevé, comme un loisir ou une formation spécifique, les recruteurs cherchent ensuite des gens avec un profil similaire.

Un service qui démontre l'importance de savoir se promouvoir soi-même, au-delà de promouvoir ses expériences professionnelles. «C'est un plus d'être conscient de son image (branding) et de savoir la défendre, affirme Didier Dubois. De nos jours, les individus ont intérêt à prendre en charge leur carrière et à devenir leur propre porte-parole. Ils sont devenus des PME qui doivent se vendre.»

Gérer sa présence

Dans un tel contexte, il est primordial de savoir gérer sa présence sur les réseaux sociaux. «D'abord, il faut savoir ce qui circule à notre sujet, que ça vienne de nous ou des autres. Ensuite, on doit prendre conscience de l'image qu'on veut transmettre. Puis, cibler les outils qui auront le plus d'impact sur notre carrière. Ça peut être un blogue pour exprimer ses idées, des sites de partage de contenu d'expertise comme Twitter, LinkedIn ou des plateformes spécialisées», ajoute Didier Dubois.

Un outil comme Facebook s'avère peu intéressant dans un contexte de valorisation de sa personnalité professionnelle. «Facebook permet de rejoindre son réseau social, et non d'atteindre un nouveau cercle associé à nos affinités professionnelles. On a intérêt à disperser du contenu à différents endroits stratégiques pour bâtir sa marque personnelle.»